Trajectoire résidentielle des déplacé·e·s internes et migrant·e·s à Ouagadougou

Seydou SERE

 

Introduction

Entrées tardivement dans le processus de transition urbaine, les villes africaines connaissent aujourd’hui les taux de croissance les plus élevés au monde (Moriconi-Ebrard, 1993; Africapolis, 2008; Amadou Sanni et al., 2009). Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, ne fait pas exception à la règle. C’est une métropole en forte croissance démographique et spatiale, avec une population aujourd’hui estimée à 3 millions d’habitant·e·s et une superficie de 518 km2, soit une densité de (5 792 hab./km). Cette croissance rapide est liée au mouvement naturel et à une migration également importante, à la fois internationale, avec les déplacé·e·s du conflit ivoirien au cours des années 2000 et interne avec la persistance de flux migratoires d’origine rurale (Prat, 1996; Ouédraogo et al., 2007; Guengant, 2009; Delaunay, 2009; Boyer, 2010; Rossier et al., 2013). Selon l’observatoire de la population de Ouagadougou (OPO), 71 % des adultes de plus de 15 ans ne sont pas né·e·s dans la capitale (Rossier et al., 2013). Cette croissance soutenue exerce une pression extrêmement forte sur la situation résidentielle des Ouagalais·es, contraint·e·s très souvent à des arrangements difficiles. L’offre publique étant négligeable et le marché immobilier majoritairement informel, les candidat·e·s au logement sont souvent obligé·e·s de se déplacer à la périphérie « non lotie » de la ville, sur des parcelles acquises et autoconstruites de façon irrégulière, dans l’attente d’une régularisation éventuelle (lotissement). D’autres cohabitent avec leurs parents, avec des membres de leur famille ou sont hébergé·e·s chez un tiers ou une tierce, souvent dans des conditions inconfortables. D’autres enfin se rabattent sur des solutions locatives, avec des loyers souvent très élevés par rapport à leurs revenus. Le marché résidentiel à Ougadougou est donc caractérisé par une grande tension entre l’offre et la demande, et par une grande diversité de situations, entre habitant·e·s des secteurs lotis ou non lotis, mais aussi entre locataires, propriétaires, usufruitier·e·s ou personnes hébergées.

C’est dans ce contexte que l’IRD[1] a mené un programme de recherche dénommé « Ouaga 2009[2] » portant sur la mesure des mobilités spatiales à Ouagadougou sur l’ensemble de la ville. L’enquête par questionnaire menée en 2009 sur 1 965 logements et 10 540 individus a permis de collecter une information très riche sur un domaine très peu étudié à Ouagadougou. Dans la continuité de ce projet, nous avons entrepris en novembre 2012 une thèse centrée sur les stratégies résidentielles des jeunes adultes à Ouagadougou[3]. En effet, après 18 ans, les jeunes adultes amorcent progressivement leur autonomie résidentielle en franchissant différentes étapes de leur cycle de vie : fin d’études et entrée dans la vie active, décohabitation parentale, mise en ménage, accès à la parentalité et recherche d’un logement propre, idéalement en accession à la propriété. La stabilisation familiale, professionnelle et résidentielle n’est souvent acquise qu’à un âge avancé, entre 30 et 40 ans, et les jeunes adultes (18-40 ans), qui constituent 60 % de la population urbaine (INSD[4], 2006), représentent aussi le segment le plus exposé de la population ouagalaise aux tensions du marché résidentiel.

Le présent article porte sur les problèmes de résidence à Ouagadougou rencontrés par les déplacé·e·s et les migrant·e·s. Il exploite les résultats de deux principaux corpus de données mobilisées dans nos travaux de thèse et l’enquête « Ouaga 2009 ». Entre 2013 et 2015, nous avons mené des entretiens approfondis auprès de jeunes adultes et de leur entourage, mais aussi auprès d’acteurs institutionnels et de personnes-ressources jouant un rôle dans la question du logement à Ouagadougou ou connaissant le sujet. Il étudie de façon plus spécifique la situation comparée des déplacé·e·s internes et des migrant·e·s. Il sera ainsi question de montrer comment les avantages et les handicaps relatifs à chacune des situations se traduisent ou non par des trajectoires résidentielles spécifiques. La composante migratoire intervient comme un facteur important, parmi d’autres (âge, sexe, activité, situation familiale et position sociale), dans les conditions d’accès au logement.

Aperçu des migrations urbaines au Burkina Faso  

Au Burkina Faso, à l’instar des autres pays d’Afrique, l’armature urbaine est principalement caractérisée par deux grandes villes, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso. Ces deux villes ont accueilli ensemble 60 % des migrations en 1996 et 53,7 % en 2006 (INSD, 1996, 2009). Elles font face à d’importantes immigrations qui ont accéléré leur extension géographique et leur croissance démographique.

Comparée à d’autres villes africaines, Ouagadougou connaît une croissance très élevée de sa population à raison de 3, % par an (Beauchemin, 2003). Cette croissance était estimée en 2009 à 7,6 % (Guengant, 2009). Elle accueille 47 % des déplacé·e·s internes contre 4 % d’émigrant·e·s pour toute la province du Kadiogo dont elle est le chef-lieu (Zongo et al., 2008).

Le taux de croissance des migrations est de 1,5 % pour les migrations interurbaines contre 1,4 % pour les migrations des zones rurales vers les urbaines. Aussi, les soldes migratoires en zone urbaine étaient entre 1969 et 1973 de 18 705 contre 66 169 entre 1995 et 1999 (Kabbanji, Piché et Dabiré, 2007).

Ainsi, les migrations de retour (de la Côte d’Ivoire surtout), l’exode rural, les migrations interurbaines contribuent à faire de Ouagadougou le centre urbain le plus important du pays. Bon nombre de ces migrant·e·s de retour se sont installés surtout dans les quartiers périphériques précaires non lotis. L’évolution démographique de l’agglomération de Ouagadougou se caractérise par sa rapidité, ce qui pose des problèmes d’expansion de l’habitat et de mise en place des infrastructures et des équipements dans les quartiers périphériques défavorisés (Zongo et Koudougou., 2008).

La ville de Ouagadougou accueille des migrant·e·s provenant d’horizons divers. En effet, les migrations interurbaines des populations des villes comme Bobo-Dioulasso, Ouahigouya, Koudougou, Kaya, Fada N’Gourma, etc. vers la capitale sont en croissance. Une auréole de provinces autour de Ouagadougou (Zoundwéogo, Oubritenga et Kourwéogo) enregistre une très forte baisse de leur croissance et dessine en quelque sorte la première aire de recrutement migratoire de la capitale. Ces provinces voisines sont les premières à fournir les migrant·e·s (DGAT/DLR, 2006[5]). Ces populations rurales qui arrivent en ville sont pour la plupart dans des situations précaires; ce qui limite leur accès aux ressources urbaines, en particulier au logement d’où leur installation dans les quartiers non lotis.

Ces arrivées dans les zones périphériques non loties posent des défis en termes de croissance spatiale urbaine. Ces quartiers se développent certes autour de la ville, mais on constate des installations particulièrement le long des axes routiers qui sont en direction des villages d’origine de ces nouveaux arrivants et nouvelles arrivantes. Relégué·e·s aux portes de la ville, ils ou elles sont perçu·e·s comme des laissé·e·s-pour-comptes, des mal-logé·e·s voire des sans-domiciles fixes, alors qu’ils ou elles participent à la vie de la cité (Schoumaker et al., 2003 ).

Lieu de naissance des Ouagalais·es

Les migrations contribuent à la croissance rapide de la population ouagalaise. Dans ce travail, nous nous intéresserons aux nombreux Ouagalais·es qui ne sont pas né·e·s dans la capitale. Ils et elles représentent environ 71 % de la population de plus de 15 ans selon l’Observatoire de la population de Ouagadougou (Rosier et al., 2013). Les résultats de l’étude Ouaga 2009 indiquent qu’un peu moins de la moitié de la population, à savoir 46,72 %, est née à Ouagadougou contre 33,59 % pour les jeunes adultes. Plus de la moitié des habitant·e·s de la ville, soit 53,28 %, est née hors de Ouagadougou. Chez les jeunes adultes, cette proportion est 66,42 %. Elle se répartit comme suit : 42,05 % sont né·e·s dans le reste du Burkina Faso, 8,54 % en Côte d’Ivoire, 2,04 % en Afrique de l’Ouest et 0,65 % dans le reste du monde. Les déplacements internes, notamment l’exode rural et les mobilités interurbaines, occupent une place importante dans ce processus.

Tableau 1. Lieux de naissance des Ouagalais·es

Lieu de naissance Population totale (%) 18-40 ans %
Ouagadougou 46,72 33,59
Reste du Burkina Faso 42,05 50,64
Côte d’Ivoire 8,54 12,53
Afrique de l’Ouest 2,04 2,4
Reste du monde 0,65 0,85
Total 100 100

Source : Ouaga 2009

Selon le genre, la structure par sexe de Ouagadougou est différente de la structure de l’ensemble de la population urbaine burkinabè. La population est composée d’environ 50,5 % d’hommes et de 49,5 % de femmes (INSD, 2006). Cette tendance est confirmée par les résultats de « Ouaga 2009 ». En effet, des résultats de l’étude, on retient que la population totale est composée de 50,83 % d’hommes et 49,17 % de femmes. Cette tendance est aussi respectée chez les 18-40 ans, les hommes sont légèrement les plus nombreux avec 50,56 % contre 49,44 % de femmes.

La répartition des habitant·e·s selon le lieu de naissance (né·e·s à Ouagadougou, hors de Ouagadougou, dans le reste du pays et à l’extérieur du pays) est visible dans les cartes présentées dans ce travail. Les personnes nées dans la zone d’enquête se trouvent dans les quartiers centraux tels que Dapoya, Saint Léon, Bilbalogho, Larlé, etc., dans le périphérique centre nord et nord-est. Les zones des quartiers comme Zagtouli, Nioko et Saaba font partie de cette catégorie. Préalablement des villages, elles ont été par la suite rattachées à la ville de Ouagadougou, à l’exception de Saaba qui demeure une commune rurale. Le processus d’urbanisation et d’extension de la ville, ainsi que leur étalement dans le temps, a amené certains quartiers périphériques très autochtones – correspondant à des villages traditionnels – à rattraper la ville. Leur présence à l’est et au nord-est est négligeable.

Quant aux personnes nées dans les localités du Burkina Faso autres que Ouagadougou, elles sont localisées dans les quartiers périphériques au nord (Bissighin, Watinoma), au sud (Tengadogo, Balkui, Patte d’Oie) à l’est (Djicofè) et à l’ouest (Zongo). Il ressort de cela que la majorité des habitant·e·s né·e·s dans la zone d’enquête sont localisé·e·s au centre, au nord et à l’est de la ville. Les personnes nées à l’étranger se répartissent à deux endroits. Elles sont présentes au Centre-Ouest (Koulouba, Zone du Bois, Dassasgho…) du fait de la présence des infrastructures universitaires, des services ou des quartiers d’expatrié·e·s. L’autre porte d’accès est du côté ouest de la route nationale no 1 Ouagadougou-Bobo-Dioulasso et le nord-ouest accueille préférentiellement les personnes venues de Côte d’Ivoire. Elles s’ins­tallent dans les quartiers situés sur l’axe par lequel elles entrent dans la ville.

Quartiers d’accueil à l’arrivée

Les flux vers la ville de Ouagadougou sont importants à l’entrée l’ouest, nord et sud. Les migrant·e·s, notamment ceux et celles venant de la Côte d’Ivoire, accèdent principalement par l’ouest comme le montre la carte 5. Nos entretiens confirment que l’ouest est effectivement leur point d’entrée dans la ville. Les quartiers et arrondissement d’accueil sont : Zone 1, Taabtenga, Djicofè, dans l’arrondissement 10; Nioko 2 dans l’arrondissement 4; les quartiers de Zongo, Bissighin, Kilwin et Tanpouy situés respectivement dans l’arrondissement 8, 9 et 3 et les quartiers situés au sud de la ville de Tengadogo et de Nagrin.

Carte 5. Flux migratoire vers Ouagadougou

Motifs de l’immigration, insertion et stratégies résidentielles

Une fois arrivé·e·s en ville, les déplacé·e·s et migrant·e·s adoptent plusieurs stratégies d’insertion résidentielle et professionnelle. Selon, Dureau (1985) , Ouédraogo (1987) , Piché et al. (2000), l’insertion peut se décomposer en plusieurs modalités en fonction du domaine sur lequel elle se porte : insertion professionnelle et insertion sociale. Les facteurs économiques représentent l’une des raisons essentielles des migrations (Fall, 1987; Bocquier et al., 2000 ; Ouédraogo, 2002; Ouédraogo et al., 2007; Lejeune, 2007  ; Guillot, 2007 ). Pour la plupart des études (Todaro et Harris, 1970  ; Lututala , 1995; Pott, 1997 ), le travail reste la principale motivation des départs.

Les facteurs sociaux occupent également une part importante dans les déterminants de la migration. En effet, ces facteurs qui sont entre autres les exigences familiales, les études et l’attraction de la ville sont évoqués dans plusieurs travaux (Antoine et al., 1992; Fall, 1987; Ndione  et al., 2004). Schoumaker et al. (2002) ont étudié les motifs sociaux des migrations dans la ville de Ouagadougou. La situation se présente comme suit : les raisons de famille viennent en première position soit environ 23 %, puis les études 17 % et la santé près de 5 %. Environ 40 % des déplacées femmes viennent à Ouagadougou pour des raisons de famille, majoritairement le mariage. Cette proportion est d’environ 5 % chez les hommes. La ville demeure, selon ces chercheurs, le lieu d’attraction pour les populations du pays, qu’elles résident à l’intérieur ou à l’extérieur. Beauchemin et Schoumaker (2004)  évoquent les mêmes causes, mais soulignent également l’équipement et les infrastructures dont disposent les deux grandes villes, notamment Ouagadougou et Bobo Dioulasso, comme autant de facteurs qui attirent les candidat·e·s à l’immigration.

Plusieurs stratégies sont développées par les habitant·e·s pour s’insérer et accéder à un logement à Ouagadougou. Les jeunes adultes déplacé·e·s et migrant·e·s arrivé·e·s à Ouaga (des autres localités du pays et hors du Burkina Faso) viennent le plus souvent soit pour les études ou la recherche d’un travail, soit pour des raisons sociales ou de famille, ou sont simplement de retour après un séjour passé à l’extérieur.

Les quartiers proches de l’université, Zogona, 1 200 logements, Wemtenga, Dagnoin, dans une moindre mesure, la Zone du Bois, ainsi que les quartiers centraux de Koulouba et Paspanga sont ceux qui abritent une part importante de migrant·e·s. D’autres quartiers du centre historique ou du péricentre au sud comme de l’autre côté des barrages sont également concernés par ce type de migration internationale. Au cours des années 2000 à 2010, suite à la crise ivoirienne, nombreux et nombreuses sont les jeunes revenu·e·s par contrainte et qui se sont installé·e·s dans les quartiers tels que Marcoussis, Watinoma, situés au nord de la ville, mais aussi dans les quartiers lotis centraux et péricentraux particulièrement pour les élèves et étudiant·e·s.

Quant aux déplacé·e·s internes, ils ou elles s’installent en zone non lotie, surtout s’ils ou elles sont à la recherche d’un travail. Ce choix s’explique le plus souvent par leur manque de moyens. Ils ou elles sont donc obligé·e·s de s’installer une connaissance ou aller en location avant d’accéder à la propriété. De nos analyses, il ressort que les premiers quartiers d’accueil à l’arrivée sont Quatre Yaar et Zogona, Wemtenga, tous des quartiers situés à l’est de la ville à cause principalement de l’université. Puis, suivent les quartiers du nord de la ville comme Tampouy, Tanghin, Somgandé et les quartiers comme Patte d’Oie, Pissy, Kouritenga, Nagrin, etc.

Carte 6. Premier quartier d’installation des immigrant·e·s

Trajectoire résidentielle

Les migrant·e·s jouissent d’une localisation urbaine assez centrale à Ouagadougou. La ville est avant tout celle des propriétaires puisqu’ils et elles possèdent 71,3 % des logements pour l’ensemble de l’espace urbain. Cependant, la moitié d’entre eux/elles n’ont qu’une reconnaissance coutumière de leur propriété et se trouve ainsi en situation d’insécurité résidentielle. Les logements en location n’interviennent que pour 11,1 % alors que ceux qui sont prêtés gratuitement représentent 16,5 % des logements. Les proportions du statut d’occupation chez jeunes adulte de 18 à 40 ans sont les suivants : propriétaires avec titre sont environ à 32,8 % alors que les propriétaires sans titre sont estimé·e·s à 29,26 %. La location et la colocation représentent 22,73 % et l’usage à titre gracieux tourne autour de 15,21 %.

Situés au centre ou en semi-périphérie, les logements en location sont quasiment occupés, du moins pour la moitié d’entre eux, par des personnes nées à l’étranger (hors Côte d’Ivoire). 19,8 % de ceux et celles qui sont né·e·s en Côte d’Ivoire sont également en location comparativement aux autres catégories. Les migrant·e·s ne disposent pas assez de réseaux familiaux et sociaux qui leur permettent d’accéder à un logement gratuit.

Du centre vers la semi-périphérie, le parc locatif se diffuse très lentement au détriment du prêt gratuit de logement. Ce statut d’occupation des logements suit la même logique que celui de la répartition des arrivant·e·s : les migrant·e·s se localisent dans les parties centrale et péricentrale et leur importance diminue au profit des déplacé·e·s internes lorsque l’on s’éloigne vers la périphérie (Boyer, 2010).

De nombreux migrant·e·s et déplacé·e·s achètent des parcelles en zone non lotie dans l’espoir d’être attributaires. Certain·e·s déposent des dossiers dans l’optique d’obtenir une parcelle à l’issue d’une opération de lotissement et devenir propriétaires. Les jeunes garçons travaillant dans l’informel sont les plus concernés par cette situation. Quant à ceux qui sont en location ou en situation de prêt, ou d’hébergement, ils ont pris l’habitude de déménager en fonction de l’évolution de leur situation sociale, de leurs activités ou de l’agrandissement des familles qu’ils ont fondées. Ainsi, les mobilités s’effectuent du centre vers la périphérie comme en témoignent les cinq interviews réalisées dans le cadre de nos enquêtes à Ouagadougou. Elles s’opèrent également du péricentre vers les zones périphériques, uniquement entre le péricentre et des quartiers du centre-ville vers les quartiers du péricentre ou de la périphérie.

Carte 7. Mobilité résidentielle des Ouagalais·es

Conclusion

Le présent article, qui a traité des trajectoires résidentielles des déplacé·e·s internes et migrant·e·s résidant à Ouagadougou, a utilisé plusieurs sources de données. Il s’agit notamment des articles, des ouvrages et autres documents issus sur le sujet. Mais l’analyse s’est surtout appuyée sur les données de l’étude « Ouaga 2009 » et sur celles recueillies lors de nos enquêtes de terrain. On peut ainsi retenir que la forte croissance urbaine que connaît la ville est soutenue par le croît naturel, mais aussi par les déplacements internes et les migrations internationales. La question de l’accès au logement est une préoccupation des habitant·e·s de manière générale et des déplacé·e·s et migrant·e·s en particulier. Notre regard à l’échelle du territoire communal se distingue par un découpage du centre historique constitué des quartiers centraux, du péricentre constitué des quartiers de la première couronne . Ces quartiers sont lotis dans l’ensemble. Enfin les quartiers périphériques, constitués essentiellement de quartiers non lotis et de quartiers lotis.

La localisation permet de dégager que les déplacé·e·s internes s’installent plus dans les quartiers périphériques alors que les migrant·e·s occupent une position plus centrale et péricentrale avec une préférence pour les logements en location. Cette installation aux marges de la ville peut être mise en relation avec l’efficience des réseaux sociaux et familiaux dont les un·e·s et les autres disposent à l’intérieur comme à l’extérieur de l’espace urbain. Cependant, les migrant·e·s sont également présent·e·s dans les quartiers périphériques, mais on y trouve également les déplacé·e·s internes et les Ouagalais·es de naissance qui s’installent dans les quartiers centraux. Pour ce qui concerne les quartiers périphériques, les coûts et les procédures de régularisation des quartiers non lotis sont à l’origine d’une partie de ces flux. Les mobilités s’effectuent de manière générale du centre vers la périphérie, des quartiers du péricentre vers ceux de la périphérie, mais également entre les quartiers de même zone.

Références

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  1. Institut de recherche pour le développement.
  2. « Ouaga 2009 : peuplement de Ouagadougou et développement urbain », conduit par Florence BOYER et Daniel DELAUNAY, avec le financement du SCAC de l’Ambassade de France au Burkina Faso.
  3. Thèse en cotutelle entre l’Université de Ouagadougou et l’Université Rennes 2, co-dirigée par les Professeurs Vincent GOUESET et Georges COMPAORE.
  4. Institut national de la statistique et de la démographie.
  5. Direction Générale de l’Aménagement du Territoire du Développement Local et Régional

Pour citer cet article

Sere, Seydou. 2021. Trajectoire résidentielle des déplacé·e·s internes et migrant·e·s à Ouagadougou. GARI. Recherches et débats sur les villes africaines, 1(1), en ligne. DOI : 10.46711/gari.2021.1.1.5

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