Volume 2, numéro 1 – 2025. Un tournant afro dans l’analyse du discours au Brésil?

La problématique de l’énonciation dans le néo-récit d’esclaves chez Kangni Alem

Kodjovi AGBONAGBAN

 

Introduction

La littérature africaine, portée par les écrivain·es avant-gardistes et ceux et celles du mouvement de la négritude, a esquivé la mémoire de l’esclavage transatlantique en s’émancipant progressivement de la « littérature coloniale » dans laquelle les auteur·trices de la première génération se sont longtemps cantonné·es. Au lendemain des indépendances, un certain nombre d’auteurs contemporains, convaincus de leur mission, vont écrire dans l’ultime but d’exhumer la vieille thématique de l’esclavage, faisant ainsi émerger les « néo-récits d’esclaves » dans un contexte inédit qualifié de guerre des mémoires. Dans ce contexte, écrire un article pour expliquer cette rémanence dans Esclaves et Les Enfants du Brésil (désormais Escl, L.E.B.) de Kangni Alem peut sembler être une gageure. D’où le sujet : « La problématique de l’énonciation dans le néo-récit d’esclaves chez Kangni Alem ». Par quels moyens Kangni Alem aborde-t-il la mémoire de l’esclavage entre l’Afrique et le Brésil? Comment ces espaces structurent-ils le discours sur l’esclavage transatlantique? Comment, à travers une richesse documentaire exceptionnelle, Kangni Alem revisite-t-il la mémoire de la traite négrière en mêlant reconstitution historique et transgression, et en faisant de la narration polyphonique et de l’hybridité linguistique des outils de confrontation entre discours dominants et voix marginalisées?

Cet article propose d’abord d’analyser la manière dont Kangni Alem représente l’esclavage et ses héritages, par rapport aux lieux et vestiges mémoriaux, entre mémoire et transgression dans une énonciation postcoloniale, à travers Escl et L.E.B. Ensuite, dans une perspective sociocritique inspirée des travaux de Claude Duchet et Patrick Maurus, qui démontrent la dépendance du roman à une réalité sociohistorique antérieure et extérieure (2011, p. 84), nous examinerons les discours sociaux en jeu dans ces romans, incarnés par des personnages comme Francisco Félix de Souza ou Candinho Santana, qui mettent en lumière la complexité des rapports de pouvoir et la persistance des traumatismes liés à la traite. Enfin, nous étudierons la médiation entre le texte et la société, où l’usage d’anachronismes et d’une langue hybride brouille les frontières temporelles pour réinscrire l’histoire dans une dynamique postcoloniale et interculturelle.

Une énonciation postcoloniale entre mémoire et transgression

La fiction romanesque de Kangni Alem fait référence à plusieurs aspects de l’esclavage transatlantique, notamment l’histoire, les figures, les lieux et les vestiges mémoriaux. Dans Escl (2009) et L.E.B. (2017), l’auteur tisse une narration qui transcende la pure imagination pour s’ancrer dans une réalité historique et mémorielle. Cette section explore cette approche postcoloniale à travers trois axes : les références historiques et leur ancrage dans la traite négrière, les figures historiques majeures comme Adandozan et Gankpè, et l’évocation de Francisco Félix de Souza et Sylvanus Olympio dans une perspective à la fois référentielle et fictionnelle.

Les références historiques : une reconstitution de la traite négrière

L’esclavage transatlantique constitue la toile de fond des deux œuvres romanesques de Kangni Alem, animé par le désir de remémorer l’histoire et les figures héroïques du système esclavagiste mis en place par l’Occident. Dans Escl et L.E.B., l’auteur narre des histoires dont la nature est loin d’être une pure imagination. Au contraire, ses romans témoignent du commerce transatlantique des esclaves, pratiqué au XIXe siècle par la colonie brésilienne dans ses rapports avec les pays côtiers, notamment le Togo, le Bénin, le Ghana et le Nigeria. L’intrigue rend compte de la manière particulière et vraisemblable dont Kangni Alem reconstruit ce trafic des Noir·es. Dès l’incipit de L.E.B., il signale le caractère réel et scientifique de son récit : « Je précise que j’ai rédigé ce récit à partir du rapport établi le 2 janvier 1842 par le capitaine Stella Régis de la police maritime de Fremantle, Australie, sur déposition du témoin et unique survivant au naufrage du James Mathew, Monsieur Fortuleza Barbarosa » (L.E.B, p. 9). Selon d’autres précisions dans Escl, on apprend que :

Le James Matthew est un bateau à l’histoire bien mouvementée. Au départ, c’était un navire négrier qui faisait son commerce à travers l’Atlantique sous un nom presque innocent, le Don Francisco; il appartenait alors à un négociant portugais, un certain Francisco Félix de Souza, aventurier aux dents longues installé à Wijda, sur la côte des Esclaves (Escl, p. 157).

D’une part, dans une perspective autoréférentielle et métadiscursive, l’auteur atteste qu’Escl est une œuvre référentielle de l’histoire des esclaves noir·es déportés au Brésil. En expliquant aux descendants Djibril et Santana l’histoire de leurs origines, Velasquez, personnage de L.E.B., fait référence à Escl : « Ce livre, jeunes gens, est la clef de l’histoire. Il raconte mieux que moi la vie de vos ancêtres. Il est la somme, l’itinéraire dans le Nouveau Monde de vos ancêtres respectifs. Esclaves, voici l’histoire des Djibril et des Santana » (L.E.B, p. 157). Aussi leur dit-il que « c’est un roman taillé sur mesure pour vous, Esclaves. Son auteur; un certain K. A. » (L.E.B, p. 158). Ces romans se caractérisent par des récits et des événements vécus par les esclaves noir·es déporté·es de l’Afrique vers le Brésil, jugés essentiels par le héros-narrateur Candinho Santana, qui entreprend un voyage sur les traces de ses aïeux, « ceux des nôtres qui y ont vécu au temps trouble des caravelles voleuses d’âme et de corps » (L.E.B, p. 12).

Les figures historiques du Dahomey : Adandozan et Gankpè

Parmi les personnages de l’œuvre romanesque de Kangni Alem, certains sont de véritables figures historiques. D’abord, le roi Adandozan, digne fils du Dahomey, succéda à son père, le sixième roi Daa Agongglo, qui le choisit comme héritier. Durant son règne, il défendait les intérêts de son peuple et s’opposait au système esclavagiste. Le narrateur rapporte : « Cela fait vingt et un ans, dit le roi, qu’il est sur le trône de ses ancêtres, vingt et un ans qu’il essaye d’expliquer aux Portugais de fermer le fort négrier que dirige le señor Francisco Félix de Souza afin d’adresser un signal fort à tous les marchands d’esclaves : le temps de vendre les êtres humains est révolu » (Escl, p. 53). Cependant, après une tentative d’empoisonnement échouée orchestrée par Francisco Félix de Souza, Gankpè et le maître des rituels, Adandozan fut humilié publiquement et destitué par Gankpè, soutenu par de Souza. Le narrateur précise à cet effet que

la montée au pouvoir de Gankpé pouvait devenir effective. Le soir même de la destitution de l’ancien roi eut lieu l’intronisation du nouveau souverain du Danhomé. Une heure après la cérémonie, apprit-on au roi relégué dans un coin du palais, Guézo, le Buffle encorné comme il se proclama, le nouveau roi du Danhomé envoya une ambassade à son ami Chacha qu’il nommait vice-roi de Ouidah, à vie (Escl., p. 108).

Ce rôle est corroboré par Adrien Djivo :

Succédant à son père en 1797, le prince Akakpo, sous le nom d’Adandozan, semble se donner pour objectif de libérer le royaume de certaines contraintes […]. Adandozan n’apprécie pas non plus la traite négrière, trouvant que le pays pouvait tirer meilleur profit de la main-d’œuvre représentée par les captifs de guerre si on l’utilise à cultiver la terre (1978, p. 21-22).

D’autre part, Gankpè, fils de Na Agontimé, une épouse du roi Agonglo, fut un guerrier redoutable sous Adandozan avant de nourrir des ambitions personnelles. Très ambitieux, il évince son frère pour devenir roi du Dahomey, comme l’indique son nom : « Tôt ou tard, ce jour (de marché) tant attendu finira par s’animer » (Djivo, 1978, p. 21-22). Contrairement à Adandozan, Gankpè est ouvert à la traite négrière, collaborant discrètement avec Francisco Félix de Souza : « Le roi avait fait des remontrances presque paternelles, mais acerbes à Gankpé, que des rumeurs accusaient de fournir des esclaves à Chacha. Le prince avait nié toutes ces accusations, les mettant au compte de la jalousie et de la méchanceté naturelle des conseillers du roi » (Escl, p. 54).

Francisco Félix de Souza et Sylvanus Olympio : entre réalité et fiction

Kangni Alem retrace également la vie de Francisco Félix de Souza (1754-1849), surnommé Chacha, un marchand d’esclaves brésilien qui « débarqua ce matin de juillet 1788 sur la plage de Gléhué, fatigué, mal nourri durant la traversée » (Escl, p. 37). Installé dans le golfe du Bénin, il dirigeait au début du XIXe siècle le commerce des esclaves depuis un comptoir portugais négligé à Gléhué. Sous Adandozan, roi antiesclavagiste, il fut emprisonné, mais avec l’appui de Gankpè, avec qui il conclut un pacte de sang, il retrouva la liberté et devint vice-roi de Ouidah après la destitution d’Adandozan.

Enfin, Kangni Alem fait référence à Sylvanus Olympio et à son père, Epiphanio Elpidio Olympio. Sylvanus Olympio (1902-1963), premier président du Togo, est issu d’une lignée marquée par l’histoire esclavagiste : son père, Epiphanio (1873-1968), riche commerçant, était né d’une princesse yoruba et de Francisco da Silva Olympio, un Brésilien qui récupérait des esclaves à Agoué pour les élever. Dans l’œuvre de Kangni Alem, cependant, l’auteur inverse l’ordre généalogique : Sylvanus porte le nom de son père, Epiphanio celui de son grand-père, et le grand-père est nommé Félix Santana. Cette permutation volontaire reflète une stratégie de dissimulation identitaire, donnant l’impression que les personnages sont des créations fictionnelles inspirées de figures réelles, plutôt que leurs exacts reflets historiques. Ainsi, l’auteur joue sur la frontière entre mémoire et transgression, mêlant réalité et invention pour enrichir son propos postcolonial.

Lieux de mémoire : vestiges matériels et événements immatériels

À travers son œuvre, Kangni Alem s’attache à préserver la mémoire des lieux et des objets liés à la traite négrière, menacés de disparition progressive, afin de les pérenniser et de les ancrer définitivement dans le souvenir collectif. Dans les deux romans de notre corpus, Escl et L.E.B., l’auteur met en lumière des sites de mémoire majeurs associés à l’esclavage transatlantique. Cette section explore ces lieux-vestiges matériels et les événements immatériels qui leur sont liés, en les répartissant en trois sous-parties : les comptoirs esclavagistes, les vestiges sacrés et rituels, et les lieux de vente et de patrimonialisation.

Les comptoirs esclavagistes : des sites de capture et de commerce

Kangni Alem évoque les comptoirs et sites côtiers où s’installèrent les compagnies esclavagistes, des lieux où les captif·ves étaient vendu·es par leurs propres frères, puis baptisé·es et marqué·es au fer par les seigneurs blancs. Plusieurs de ces espaces, situés dans le golfe du Bénin, sont mentionnés dans les deux romans, par exemple dans Escl : « le fort de Gléhué » (p. 60), « le site de Porto-Séguro » (p. 123), « Woodhouse » (p. 188), « l’île portugaise de São Tomé » (p. 126), et « le fort portugais d’Elmina sur le territoire des Accra et des Fanti » (p. 60). Ces comptoirs incarnent les premières étapes de la traite, où la violence et la déshumanisation s’exerçaient.

Un exemple significatif est celui de Woodhouse, décrit lors d’une visite de Santana Candinho et Djibril chez Velàzquez. Ce dernier explique :

Les lieux appartiennent à la famille de Malo-Mercedes, lui-même descendant de M. Wood, un négociant anglais installé sur ces terres depuis la seconde moitié du XXe siècle […] cette maison est une preuve de l’histoire violente que nos ancêtres ont subie sur la côte. J’espère que ce site sera revalorisé un jour […] ici, en plein XXe siècle, s’est déroulée une grande partie de la traite clandestine entre le Brésil, Cuba et les souverains de la côte des esclaves (L.E.B., p. 66-67).

Ces lieux, témoins matériels d’une histoire douloureuse, sont ainsi mis en récit pour en souligner l’importance mémorielle.

Les vestiges sacrés et les rituels de l’oubli

Outre les comptoirs, Kangni Alem met en exergue des vestiges sacrés associés aux rituels imposés aux esclaves avant leur embarquement. Parmi ceux-ci, « l’arbre de l’oubli » et « le puits de bain de purification » occupent une place centrale. Ces lieux servaient à des pratiques visant à effacer l’identité des captif·ves. Velàzquez l’explique à Santana Candinho et Djibril : « Les esclaves razziés étaient entassés ici dans la chambre que j’occupe désormais, avant leur embarquement. Il y a un vieux puits dans la forêt-galerie, je vous montrerai plus tard, c’est là qu’on les lavait une dernière fois » (L.E.B., p. 66-67). Quant à l’arbre de l’oubli, Ana Lucia Araujo précise : « Les esclaves mâles devaient tourner neuf fois et les femmes sept fois autour de l’arbre de l’oubli. Ces tours étant accomplis, les esclaves étaient censés devenir amnésiques » (2007, p. 179). Cet effacement symbolique est illustré par le personnage de Miguel, incapable de se souvenir de son nom africain lorsqu’il est interrogé par Sule : « Il y eut un vide dans sa tête. Il ne sut plus, sur le coup, quel était son nom d’antan […] sa mémoire s’était enlisée dans un sable fin de bord d’océan, sur une plage où on l’avait fait tourner neuf fois autour de l’arbre dit de l’Oubli » (Escl, p. 141).

Ces vestiges sacrés, bien que matériels, sont indissociables des événements immatériels qu’ils portent : des rituels conçus pour briser les liens des esclaves avec leur passé et leur culture, les réduisant à des êtres sans volonté de résistance.

Les lieux de vente et la patrimonialisation de la mémoire

Kangni Alem explore les lieux de vente des esclaves en Amérique et leur transformation en sites de mémoire patrimoniaux. Les places des enchères, comme « Olinda », où Miguel est revendu après son arrivée au Brésil, illustrent cette étape : « Il fut présenté à des intermédiaires qui l’emmenèrent en charrette, en compagnie d’un petit groupe de vingt esclaves, jusqu’à la localité voisine d’Olinda où ils furent présentés aux enchères » (L.E.B., p. 135). Santana Candinho visite également des dépôts et marchés, tels que la place São Pedro à Recife, décrite comme l’un des plus anciens « supermarchés d’esclaves » (L.E.B., p. 97), ou encore un marché où les captif·ves étaient parqué·es après le gavage (L.E.B., p. 110).

L’auteur accorde aussi une attention particulière aux musées, qui jouent un rôle clé dans la conservation des vestiges de l’esclavage. Santana Candinho découvre un musée agricole au Brésil : « C’était un petit musée dont le fonds, exclusivement consacré aux instruments aratoires, raconte l’histoire des outils ayant accompagné le développement agricole du Brésil depuis les temps de la colonie » (L.E.B., p. 56). Cette patrimonialisation est renforcée par des initiatives comme celle évoquée par Dalva : « Tu ne veux pas le faire inscrire sur la liste UNESCO des patrimoines de l’humanité? » (L.E.B., p. 74). Enfin, la ville de Bahia, et particulièrement le quartier Pelourinho, est célébrée comme un lieu emblématique de l’esclavage et de la résilience africaine. Santana Candinho y rend hommage à ses ancêtres avant son départ : « J’ai dit adieux au Pelourinho dans une longue concentration, baisé le sol de la Place en hommage à mon ancêtre Santana, et au nègre Miguel » (L.E.B., p. 144). Reconnu par l’UNESCO en 1990, Pelourinho symbolise la mémoire vivante des souffrances et de la culture des esclaves.

Discours et mémoire de l’esclavage : analyse sociocritique

En revisitant la mémoire de l’esclavage dans une esthétique du renouvellement et de la transgression, cette partie analyse les discours sociaux, la médiation entre le texte et la société ainsi que le positionnement du texte dans son contexte. Escl et L.E.B. sont examinés comme des fictions historiques et mémorielles qui révèlent le rôle du discours et de la mémoire de l’esclavage à travers des stratégies énonciatives romanesques selon l’approche sociocritique de Duchet et Maurus.

Discours sociaux en jeu dans le roman

Dans ses romans Escl et L.E.B., Alem interroge de manière complexe et dynamique la mémoire de la traite négrière et ses répercussions sur les identités afro-descendantes. À travers des narrations éclatées et un langage hybride, l’auteur propose une lecture critique de l’histoire, en dévoilant les rouages de la domination et les résistances souvent occultées par les récits officiels.

Dans Escl par exemple, Kangni Alem revisite la mémoire de la traite (Escl, p. 11, 25, 130, 249) en exposant les tensions entre différents acteurs de ce commerce inhumain. À travers le personnage de Francisco Félix de Souza, dit Chacha, négociant portugais, l’auteur met en lumière la complicité entre certains Européens et Africains dans le système esclavagiste (Escl, p. 19-20). Le pouvoir local, incarné par des souverains et chefs de village, se trouve déchiré entre la préservation de son autorité et la soumission aux intérêts des négriers. Une scène marquante, celle du banquet entre le roi du Dahomey et Chacha (Escl, p. 41), illustre la complexité des rapports de domination, où avidité et dépendance économique se mêlent sous le signe du commerce triangulaire. Ce texte dépasse la simple reconstitution historique pour proposer une analyse critique des mécanismes de légitimation et d’effacement, notamment à travers le personnage de Miguel, un esclave déraciné (Escl, p. 115, 123, 130 et 140). Par cette démarche, Alem inscrit son œuvre dans une perspective sociocritique, où le texte devient un lieu de confrontation entre « discours dominants » (Brugère, 2007, p. 35) et « contre-discours émancipateurs » (Passeron, 2003, p. 104), comme le définit Claude Duchet.

Dans L.E.B., l’auteur poursuit cette interrogation de la mémoire historique, mais dans un cadre différent, celui de la société afro-brésilienne contemporaine. Le personnage de Candinho Santana, archéologue sous-marin, part en quête des traces du passé à travers les épaves des bateaux négriers (L.E.B., p. 9). Cette exploration devient un prétexte pour interroger la persistance des traumatismes liés à l’esclavage et les tensions entre le devoir de mémoire et l’occultation des faits historiques. Par le biais de la figure du Malê, inspirée des esclaves musulmans insurgés à Bahia en 1835, Alem donne voix à une résistance longtemps marginalisée. La révolte avortée des Malês symbolise la lutte pour la liberté et la difficulté de transmettre cette mémoire, effacée ou déformée :

1835, racontait Velâzquez comme s’il y était, dans la ruelle de Mata-Porcos, sur la pente de la place Pelourinho, à l’ombre des églises et des couvents catholiques, des esclaves élevés selon le Saint Koran, prêchaient la religion du Prophète et montaient leurs frères de race contre les seigneurs blancs. Parmi eux, Miguel do Sacramento, nègre immense et droit comme s’il marchait sur des échasses, toujours vêtu d’une longue tunique blanche […]. Les Métis et les autres Noirs le surnommèrent Le Malê, à cause de sa foi musulmane (L.E.B., p. 33).

Le roman, bien plus qu’un simple récit historique, adopte une narration éclatée et un langage imprégné de rythmes hybrides, brisant ainsi les frontières entre passé et présent. Kangni Alem propose une réflexion critique sur la manière dont l’héritage de l’esclavage continue de façonner les sociétés afro-descendantes, et ce, à travers une écriture qui mêle témoignage, fiction et analyse.

Ainsi, dans ces deux romans, l’écrivain déploie une lecture engagée et plurielle de l’histoire de la traite négrière, en interrogeant les mécanismes de domination, les silences historiques et les voix dissidentes. Il offre une relecture de l’histoire qui fait place aux résistances et à la complexité des identités, tout en questionnant les narrations dominantes. Ces récits dépassent la simple évocation du passé pour devenir des espaces d’expression pour les voix minorées, ce qui confère à son œuvre une dimension profondément sociocritique et émancipatrice.

Médiation entre le texte et la société

Dans Escl et L.E.B., Kangni Alem interroge la mémoire de la traite négrière et son héritage à travers une médiation complexe entre le texte et la société. Loin de se limiter à une simple reconstitution historique, il inscrit ses récits dans une dynamique discursive où s’affrontent les voix des dominants et des dominés, questionnant ainsi la manière dont l’histoire est racontée et réinterprétée. Ces affrontements discursifs se manifestent par une polyphonie narrative, qui juxtapose les points de vue des esclavagistes, des souverains locaux, des résistants et des esclaves, chacun véhiculant un discours social distinct.

Dans Escl, la figure de Francisco Félix de Souza, dit Chacha, incarne cette tension entre les discours dominants et les voix marginalisées. Perçu comme un maître cynique, un homme pragmatique ou un opportuniste, il devient le symbole d’un système où les intérêts économiques justifient l’inhumanité du commerce des corps (Escl, p. 19). À l’opposé, les récits des esclaves, notamment celui de Miguel (Escl, p. 15), exposent la violence de l’arrachement et l’aliénation culturelle imposée par l’esclavage, tout en offrant des espaces de résistance, qu’elles soient spirituelles, langagières ou physiques. Alem refuse de figer son texte dans une posture purement documentaire; il brouille les repères temporels en intégrant des anachronismes volontaires et une langue hybride qui mêle expressions vernaculaires, réinterprétations lexicales et tournures contemporaines. Cette distorsion temporelle, illustrée par des références qui vont au-delà du XIXe siècle, souligne la portée actuelle du récit et rappelle que la mémoire de l’esclavage reste un enjeu de discours et d’interprétation, une analyse du discours au service de l’analyse des pratiques sociales, selon les unités « de production du sens discursif », « de régénération, voire de reconstruction » (Galatanu, 1998, p. 38) dans le tissu textuel du roman.

Le roman s’inscrit ainsi dans une démarche critique, qui interroge non seulement le passé, mais aussi la manière dont il continue de structurer les représentations du présent.

Dans L.E.B., Kangni Alem adopte une approche similaire, mais dans un contexte différent : celui de la société afro-brésilienne contemporaine. Le personnage de Candinho Santana incarne cette quête de mémoire (L.E.B., p. 9, 115). À travers l’exploration des épaves des navires négriers, il tente de redonner visibilité aux oublié·es de l’histoire. Cette quête devient une métaphore de la fouille des silences du passé, un travail où l’objectivité académique est sans cesse mise à l’épreuve par l’héritage affectif et identitaire qu’il porte en lui. Parallèlement, les discours officiels, représentés par les institutions et les figures de pouvoir, cherchent à encadrer cette mémoire en la réduisant à des objets d’exposition, comme le montre la scène de la conférence au Banco do Brasil, où l’archéologue est confronté à une réception polie mais distante, révélant la difficulté d’intégrer un récit douloureux dans la conscience collective. L’usage de l’anachronisme et de l’invention linguistique, tout comme dans Escl, fait de L.E.B. une fiction engagée qui questionne les récits dominants.

L’usage de l’anachronisme est le plus frappant dans L.E.B., où un objet technologiquement improbable pour un esclave de cette époque, la photo de Miguel do Sacramento de 1820, est intégré dans le présent narratif de Candinho et Djibril. Cet anachronisme illustre comment le roman manipule le temps pour relier les générations et revitaliser la mémoire afro-brésilienne. En outre, toujours dans L.E.B., Velâzquez montre une collection : mélange des artefacts anciens (chaînes d’esclaves, sagaies) avec des éléments modernes (hélice de bateau), créant un anachronisme dans la présentation du passé. Cet assemblage reflète une mémoire collective désordonnée, où les temporalités se télescopent, un effet narratif volontaire pour souligner la persistance du passé dans le présent. D’autres anachronismes ne font que renforcer l’explication, et on peut multiplier les exemples, on sera toujours à l’étape de la démonstration.

Kangni Alem brouille les frontières entre passé et présent, notamment lorsqu’il fait se superposer les découvertes de Santana sur les archives de la révolte des Malês (L.E.B., p. 49), une insurrection d’esclaves musulmans à Bahia en 1835. À travers ce processus, il révèle la persistance des traces de l’esclavage dans les discours contemporains, tout en soulignant la fragmentation identitaire des personnages. Le mélange des registres de langue, entre portugais, anglais, français et expressions vernaculaires africaines, accentue cette dynamique de déconstruction de la mémoire historique. Dans L.E.B., le métissage linguistique transparaît à travers, d’une part, la traduction ou non de certaines réalités culturelles en langue brésilienne (« danser lambada, samba »; « batucada, cidade, feijoada, le kokada, l’akra, l’ablo, le sarabouya » p. 160) ou anglaise (« rock and roll » p. 144), « happy end » et « Parking » p. 136, « How to be a carioca » p. 78). D’autre part on trouve de parfaites illustrations des langues vernaculaire et portugaise, car une vendeuse bahianaise s’adresse à Santan Candinho en mêlant la langue gbe et le portugais :

« Gare-toi, suppliai-je Alain ».

Je sortis de la voiture et sans réfléchir davantage, je l’appelai mécaniquement.

« Gawu’ non ! » 

La vendeuse du beignet se retourne et me répondit.

« fὸfό, vous voulez des beignets? »

Elle avait parlé gbe et portugais à la fois, elle m’avait appelé fὸfό, le mot d’usage affectueux pour désigner le mari, le frère, et l’oncle à la fois.

Vous parlez gbe? lui demandai-je, une fois à sa hauteur.

– Non, c’est quoi comme langue?

– Une langue de l’Afrique de l’Ouest.

– Ah, Africano! je vous prenais pour un Américano. Vous êtes donc un frère, je vous fais un prix. Vous voulez combien? »

Déception, elle avait donc parlé un bout de ma langue sans savoir d’où elle venait » (L.E.B, p. 119-120).

Dans les deux romans, Kangni Alem ne se contente pas de raconter une histoire, il engage une démarche qui déconstruit et recompose le récit afin de révéler les enjeux idéologiques sous-jacents. À travers une approche sociocritique, il interroge les mécanismes de construction et de transmission des récits historiques, notamment en ce qui concerne la traite négrière, en montrant comment ces récits sont façonnés par les rapports de pouvoir et les structures sociales dominantes. Cette perspective rejoint l’analyse de Foucault (1969, p. 67), cité par Maingueneau (2021, p. 25), selon laquelle « [la] tâche consiste à ne pas – à ne plus – traiter les discours comme des ensembles de signes […] mais comme des pratiques qui forment systématiquement les objets dont ils parlent ». En adoptant une telle approche, Kangni Alem ne se limite pas à relater des faits, il met en évidence la manière dont les discours historiques participent à la construction du réel et à la perpétuation des rapports de domination.

Par cette démarche, l’auteur offre une réappropriation des voix minorées et une contestation des récits officiels, mettant en lumière les tensions sociales qui traversent l’histoire, et en particulier les mémoires marginalisées. Cette déconstruction des discours historiques se situe au cœur d’une perspective de révision critique qui interroge non seulement le passé de la traite négrière, mais aussi la manière dont cette mémoire, encore vivace, continue de structurer et d’influencer les représentations sociales contemporaines. En dévoilant les rapports de force qui sous-tendent ces récits et en mettant en lumière les luttes pour la reconnaissance des injustices historiques, Kangni Alem fait de ses œuvres des instruments de réflexion sur les discours sociaux actuels et sur leur capacité à réécrire et à redéfinir les traces laissées par le passé dans les consciences collectives.

Dans Escl et L.E.B., Kangni Alem inscrit ses récits dans une démarche postcoloniale, revisitée à travers une perspective sociocritique qui interroge non seulement la mémoire de la traite négrière, mais aussi les dynamiques de transmission et de réappropriation des récits historiques. Dans ces deux chefs-d’œuvre, Kangni Alem ne tâche pas de relater les événements du passé, mais s’engage dans une déconstruction des discours dominants, mettant en lumière les rapports de pouvoir qui influencent la manière dont l’histoire est écrite et racontée. À travers une construction narrative qui alterne les points de vue africains et européens, il met en tension des discours opposés : celui des marchands d’esclaves et des colons, qui justifient leur entreprise par des impératifs économiques et idéologiques, et celui des esclaves et des souverains locaux, pris dans un engrenage de résistance et de compromission. Ce jeu de perspectives est particulièrement perceptible dans les dialogues entre Francisco Félix de Souza (dit Chacha) et les autorités dahoméennes dans Escl, où la rhétorique coloniale s’affronte aux logiques de pouvoir africain, illustrant la complexité des interactions entre ces deux mondes.

L’éclairage interculturel dans les deux romans repose sur une hybridation linguistique, oscillant entre un français classique, des expressions vernaculaires et des accents oraux, rappelant la tradition des griots dans Escl, et une langue hybride dans L.E.B., où les discours savants se mêlent à des fragments d’archives et à des expressions populaires (L.E.B., p. 49). Ce recours à l’oralité dans les récits de Miguel dans Escl ou de Ma Carnelia Esperança dans L.E.B., souligne la persistance de la mémoire populaire face à la formalisation des archives historiques. À travers cette hybridité linguistique, Kangni Alem donne voix aux mémoires marginalisées et remet en question l’uniformisation des récits historiques officiels, dans une démarche de décolonialité du savoir. La confrontation entre les voix africaines et les institutions officielles, comme la directrice du Banco do Brasil dans L.E.B., révèle les différences profondes dans la perception de l’histoire, entre les descendants d’esclaves et les élites locales, illustrant ainsi l’influence des rapports sociaux et culturels dans la construction de la mémoire collective.

À travers cette mise en tension entre mémoires populaires et discours institutionnels, les deux romans ne se contentent pas uniquement de représenter le passé de la traite négrière, mais en révèlent les enjeux contemporains. Escl et L.E.B. interrogent, de ce fait, la manière dont l’histoire est écrite, transmise et parfois récupérée, tout en exposant les mécanismes de pouvoir qui sous-tendent ces processus. Dans une dynamique sociocritique, Kangni Alem invite son lectorat à remettre en question les récits historiques dominants et à prendre conscience des luttes pour la reconnaissance des injustices historiques, soulignant ainsi la persistance des traces de l’esclavage dans les sociétés contemporaines.

Positionnement du texte dans son contexte

Dans Escl et L.E.B, Kangni Alem inscrit ses récits dans une perspective postcoloniale, revisitant la mémoire de la traite négrière non seulement comme un fait historique, mais aussi comme un enjeu de transmission et de réappropriation. Ces deux romans, en mettant en tension les voix africaines et européennes, interrogent la manière dont l’histoire est écrite, transmise et récupérée. Dans Escl, la construction narrative alterne les points de vue des marchands et des colons d’une part, et des esclaves et des souverains locaux d’autre part. Le point de vue des marchands (Francisco Félix de Souza-Chacha) domine dans les premières parties du récit, correspondant aux « Temps anciens » (Afrique pré-esclavage). Cela inclut les événements de 1818 à Gléhué, où Chacha complote avec Gankpé pour renverser Adandozan et organise la capture et le transport de Sule sur le Don Francisco. Dans le roman, ces scènes apparaissent dans les chapitres initiaux, avant la traversée vers le Brésil. Le point de vue des colons (Lourival Do Nascimento et Pereira) émerge dans les « Nouveaux Mondes » (esclavage au Brésil), après l’arrivée de Sule à Recife en 1818. L’auteur mentionne son achat par Lourival, puis son transfert à Pereira en 1820, suivi de la révolte des Malês en 1835. Dans le roman, ces sections correspondent à des chapitres ou des parties centrales, où les interactions entre esclaves et planteurs sont détaillées. En outre, il convient de préciser que l’alternance entre ces perspectives n’est pas explicitement décrite comme un changement formel de narration (par exemple, via des chapitres alternés), mais elle se produit implicitement à travers les transitions dans le parcours de Sule.

À travers ce jeu de perspectives, le roman met en contraste des discours divergents : d’un côté, celui des colonisateurs, qui légitiment leur domination par des arguments économiques et idéologiques; de l’autre, celui des esclaves et des autorités africaines, partagées entre la résistance et des formes de compromission. Ce rapport complexe entre cultures se manifeste notamment dans les dialogues entre Francisco Chacha et les autorités dahoméennes, où la rhétorique coloniale se confronte aux logiques de pouvoir africain, mettant en évidence la complexité des interactions entre ces deux univers.

De même, L.E.B. explore la mémoire de la traite, mais il s’intéresse davantage aux répercussions contemporaines de cet héritage à travers le parcours de Candinho Santana, un archéologue afro-brésilien qui cherche à redécouvrir l’histoire des épaves négrières. La tension entre les voix africaines et brésiliennes s’y déploie de façon tout aussi marquante, avec la confrontation entre Santana et les élites brésiliennes, comme la directrice du Banco do Brasil, qui semblent aborder cette mémoire avec une certaine distance, contrastant avec l’héritage douloureux que le protagoniste porte en lui. Cette différence dans la perception de l’histoire révèle les fractures entre descendant·es d’esclaves et institutions officielles, et souligne le rôle central de l’oralité dans la mémoire collective.

Dans les deux romans, l’oralité occupe une place centrale, servant de vecteur essentiel à la transmission d’une mémoire vivante et vibrante. Dans Escl, les incantations des prêtres vodoun et les témoignages des personnages réduits en esclavage, à l’image de Miguel, tissent un dialogue entre les souvenirs africains et les empreintes du Nouveau Monde. De même, dans L.E.B, les chants et les récits de Ma Carnelia Esperança, la grand-mère de Santana, incarnent une mémoire collective, à la fois poétique et populaire, qui s’oppose aux archives historiques rigides que Santana explore. À travers cette fusion entre oralité et écriture, Alem façonne une langue hybride, miroir des héritages multiples afro-brésiliens et afro-africains, tout en donnant une résonance aux voix trop souvent marginalisées.

Cette hybridité linguistique et narrative traverse les deux œuvres et s’inscrit dans une démarche postcoloniale qui cherche à décoloniser le savoir. En mêlant discours savants, fragments d’archives et expressions populaires, Alem remet en question les récits historiques dominants et les formes d’hégémonie culturelle. Ainsi, Escl et L.E.B. ne se contentent pas de représenter le passé; ils en révèlent les enjeux actuels, en exposant les mécanismes de transmission et de récupération de l’histoire, et en proposant une lecture critique de la manière dont ces mémoires sont continuellement façonnées et réinterprétées.

Conclusion

À travers cet article, nous avons analysé la manière dont Kangni Alem représente l’esclavage des Noir·es entre l’Afrique et le Brésil au XIXe siècle, en explorant les figures historiques, les lieux mémoriaux et les événements qui structurent ses récits. Cette étude montre qu’Escl et L.E.B. se distinguent par leur richesse documentaire sur l’histoire de la traite atlantique. Par cette œuvre, Kangni Alem enrichit la littérature subsaharienne, contribuant à la postmémoire de l’esclavage à travers une fiction ancrée dans la mémoire et la transgression.

À travers Escl et L.E.B., Kangni Alem déploie une œuvre qui transcende la simple évocation historique pour s’inscrire dans une démarche sociocritique profondément engagée. En revisitant la mémoire de la traite négrière, l’auteur interroge les discours sociaux qui ont façonné cette histoire, dévoilant les mécanismes de domination, les silences imposés et les résistances occultées. Dans Escl, la polyphonie narrative et les figures ambivalentes comme Francisco Félix de Souza ou Miguel exposent la complexité des rapports de pouvoir et la complicité entre différents acteurs du commerce triangulaire, tandis que L.E.B. explore, via Candinho Santana et la révolte des Malês, la persistance des traumatismes et la quête d’une mémoire enfouie dans les sociétés afro-descendantes contemporaines. Cette double approche, ancrée dans une esthétique du renouvellement et de la transgression, fait du texte un espace de médiation entre passé et présent, où s’affrontent discours dominants et contre-discours émancipateurs, selon les termes de Claude Duchet.

L’hybridité linguistique, les anachronismes volontaires et la narration éclatée employés par Kangni Alem ne se contentent pas de déconstruire les récits officiels ; elles réhabilitent les voix minorées et réinscrivent l’histoire dans une perspective postcoloniale et interculturelle. En brouillant les frontières temporelles et en donnant vie aux mémoires marginalisées, ces romans deviennent des outils de réflexion sur la manière dont l’esclavage des Noir·es continue de structurer les identités et les représentations sociales. Ainsi, Kangni Alem ne se limite pas à une reconstitution du passé : il propose une relecture critique qui invite à repenser les héritages de la traite négrière, non comme des vestiges figés, mais comme des forces vives qui interrogent encore les consciences collectives. En cela, son œuvre s’affirme comme un acte littéraire et politique, où la littérature, en tant que lieu de confrontation discursive, contribue à une émancipation par la mémoire et à une réappropriation des récits historiques par ceux qu’ils ont trop longtemps tus.

Références bibliographiques

Alem, Kangni. 2009. Esclaves. Paris : Jean-Claude Lattès.

Alem, Kangni. 2017. Les Enfants du Brésil. Lomé : Graine de Pensées.

Araujo, Ana Lucia. 2007. Mémoires de l’esclavage et de la traite des esclaves dans l’Atlantique Sud : enjeux de la patrimonialisation au Brésil et au Bénin, Thèse de doctorat. Université Laval, Québec.

Brugère, Fabienne. 2007. Foucault et les Lumières. Bordeaux : Presses universitaires de Bordeaux.

Djivo, Joseph Adrien. 1978. Guezo : La rénovation du Dahomey. Paris : ABC ; Dakar, Abidjan : Les Nouvelles Éditions Africaines.

Duchet, Claude, Maurus, Patrick. 2011. Un cheminement vagabond. Nouveaux entretiens sur la sociocritique. Paris : Éditions Champion.

Foucault, Michel. 1969. L’Archéologie du savoir. Paris : Gallimard.

Galatanu, Olga. 2018. La sémantique des possibles argumentatifs. Génération et (re)construction discursive du sens linguistique, Bruxelles, Bern, Berlin, New York, Oxford, Wien: Peter Lang,

Maingueneau, Dominique. 2021. Discours et analyse du discours : une introduction. 2e éd. Paris : Armand Colin.

Passeron, Jean-Claude 2003. Bourdieu : Mort d’un ami, disparition d’un penseur, Revue européenne des sciences sociales, XLI-125, p. 77-124.


Pour citer cet article

KODJOVI, Agbonagban. 2025. La problématique de l’énonciation dans le néo-récit d’esclaves chez Kangni Alem. Magana. L’analyse du discours dans tous ses sens, 2(1), en ligne. DOI : 10.46711/magana.2025.2.1.4

Licence

La revue MAGANA. L’Analyse du discours dans tous ses sens est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

Télécharger le PDF de l’article

Partagez cet article


ISSN : Version en ligne

3093-4184