Appels à contribution pour des dossiers thématiques

Appel volume 3, numéro 1 – 2026 : « La société civile africaine et l’État face au coronavirus : risques sanitaires, vulnérabilités sociales et environnement »

Numéro coordonné

Par Alain-Roger Edou

 Argumentaire

La crise sanitaire qui secoue le monde entier depuis 05 mois a ébranlé les États  riches et pauvres sans distinction. Alors que les prévisions de l’OMS et des observateurs avertis avaient annoncé une hécatombe en Afrique, ce continent semble se démarquer par une résilience plus grande face à ce « pathogène nécrophile » (Edou, 2020). Le présent numéro entend creuser les dynamiques constitutives de la réponse africaine dans ses deux dimensions  top-down et bottom-up.

Dans le premier cas, l’État en Afrique est confronté à ce virus après l’Asie, l’Europe et l’Amérique. A un rythme variable, les frontières sont fermées et les mesures de confinement adoptées dans près de 45 pays. Les systèmes de santé sont « mis à l’épreuve » (Jaquemot, 2020). Bien que la docilité ne soit pas le propre chez nombre de citoyens, la mobilisation du biopouvoir foucaldien ne fait pas vraiment recette pour envisager le confinement strict dans la majorité d’entre eux. La réponse publique semble pilotée du haut, dans une configuration centraliste, même si les périphéries administratives sont intégrées dans la mise en œuvre du dispositif de lutte. Ainsi, « l’État profond » (Chevallier, 2019), tiraillé par la complexité du virus et les « incertitudes » (Morin, 2020) de la communauté des savants, pose le problème de sa capacité à reprendre le contrôle de la régulation de la vie sociale, économique et culturelle, dans un contexte marqué par « l’individualisation des parcours de soins » (Amselle, 2020) et le ralentissement de l’activité économique. Cette faiblesse structurelle pourrait justifier l’émergence des acteurs infra étatiques.

Dans le deuxième cas, la société civile africaine est visible dans certains pays et moins présente dans d’autres. L’usage de ce mot est ici dépouillé de sa charge incantatoire, empreinte de normativisme et d’instrumentalisation idéologique (Otayek, 2009). Il renvoie notamment aux organisations non politisées, de facture économique, religieuse, culturelle, juridique… qui, par leurs mobilisations, jouent un rôle de relais des communautés et parfois de contre-pouvoir à l’État. Une « prolifération empirique »  (Poncelet et Gautier, 2007) de ces organisations peut constituer un défi pour les États, lorsque celles-ci se positionnent dans une logique concurrentielle, et que l’État ne dispose pas du monopole des moyens de contrer la propagation du virus.

Les risques épidémiques encourus dans les sociétés africaines posent également un problème environnemental. Il s’agit de penser la nature à la fois comme source de traitement du mal, à travers la médecine à base des plantes notamment (Abayomi, 2010), et la nature comme déversoir des rebus de la lutte contre le virus : déchets hospitaliers, textile médical, masques jetables, etc.

Dès lors, comment l’État prend-t-il en charge les risques épidémiques, économiques et environnementaux dans sa lutte contre le corona virus ? Les organisations publiques et celles de la société civile s’investissent-elles pour préserver l’environnement d’une catastrophe naturelle liée à la pollution par les déchets hospitaliers, les corps ensevelis ou les masques jetables? Comment les catégories défavorisées et les entreprises sont-elles intégrées dans les politiques nationales ? Les réponses proposées sont-elles efficaces ?

Cette problématisation soulève des débats de santé publique et de sciences environnementales qui nécessitent d’être saisis dans diverses approches notamment anthropologiques, économiques, démographiques, sociologiques, juridiques et managériales. L’appel à contribution s’inscrit par conséquent dans la transdisciplinarité et le pluralisme épistémologique. Les sujets liés au genre sont vivement recommandés et, toutes les propositions retenues seront réparties dans les cinq axes thématiques ci-dessous.

Axes de recherches

Les propositions pourraient s’inscrire dans les axes non exhaustives ci-dessous :

  • Interactions entre l’État et la société civile dans le management de l’urgence sanitaire
  • Aspects climatiques et démographiques : existe-t-il une spécificité africaine ?
  • Incidence des dispositifs de protection (masques faciaux, équipements médicaux) et des pratiques funéraires sur l’environnement
  • Implications de la société civile dans les mesures de protection des catégories vulnérables et l’économie
  • Impact de la pharmacopée traditionnelle sur le développement durable.

Conditions de soumission

La soumission des propositions obéit à la politique générale des Revues du Grenier des Savoirs. Dans un premier temps, il convient d’envoyer un résumé pour le faire valider, en utilisant le formulaire officiel de soumission d’un résumé

(suivre le lien : https://www.revues.scienceafrique.org/formulaire/).

L’évaluation est faite par les pair-e-s (peer-review). La politique antiplagiat est arrimée à celle du Grenier des savoirs.

Il doit présenter de façon claire et concise le thème de votre projet de texte, son approche théorique, sa méthodologie, ainsi que son lien avec l’appel à contribution, le cas échéant.

Il est recommandé de répéter les concepts clés dans le résumé pour faciliter leur repérage par les moteurs de recherche. Chaque dépôt de résumé doit comporter les métadonnées suivantes :

  • Un titre et, s’il y a lieu, un sous-titre.
  • Un résumé de 200 à 250 mots, en français ou en anglais.
  • 5 à 6 références bibliographiques.
  • 5 à 6 mots clés, descriptifs mais généraux : ceux que vous utiliseriez pour chercher un article tel que le vôtre.
  • Le(s) prénom(s), nom(s) et l’affiliation officielle de tous les auteurs et autrices, avec leur adresse mail.

Si le texte de votre article est déjà rédigé, vous devez quand même soumettre seulement le résumé et attendre la décision du comité de rédaction. En effet, les recommandations à propos de votre résumé pourraient vous servir à bonifier votre texte.

Les résumés ainsi que les textes définitifs seront exclusivement soumis en ligne à l’adresse suivante : https://www.revues.scienceafrique.org/formulaire/

Les revues du Grenier des savoirs recommandent une longueur de 15 pages pour un article ou une synthèse, bibliographie comprise. Pour l’ensemble des consignes inhérentes au formatage du texte et aux références bibliographiques, se rapporter au lien suivant : https://www.revues.scienceafrique.org/instruction/.

La revue publie des textes en anglais et en français. Une traduction du résumé en langue africaine est fortement recommandée.

Avant l’envoi des textes définitifs, les auteurs et autrices sont prié-e-s de télécharger la feuille de style et de respecter scrupuleusement les normes de présentation qu’ils ou elles trouveront à cette adresse :

https://www.revues.scienceafrique.org/ngabandibolel/politiques/instructions-aux-auteurs-et-aux-autrices/

Chronogramme

Date de lancement de l’appel : 06 décembre 2025

Date limite de réception des résumés (en ligne uniquement) : 15 février 2026

Réponses aux auteurs et autrices après évaluation de la proposition : 28 février 2026

Réception des textes complets : 30 mai 2026

Date de publication du volume : juillet 2026

  Comité de rédaction

  • NZINO MUNONGO Victorine Ghislaine, Éditrice en chef, Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Cameroun);
  • CHIMANYE MOTIO Aristide, Co-éditeur en chef, Université de Yaoundé II (Cameroun);
  • NGUIDJOI Gabriel Cyrille, Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Cameroun);
  • EMAH NGONO Line Murielle, Université Catholique d’Afrique Centrale (Cameroun);
  • BALINAN OBAKER Sam, Université de Yaoundé II, (Cameroun);
  • BIENDA Gilbert, Centre d’Etudes et de Recherche en Droit International, (Cameroun);
  • FOTSING Serges Roméo, Université de Ngaoundéré, (Cameroun);
  • FRU ANWI Agnes Herdrick, Université de Yaoundé II (Cameroun);
  • KABAYENE Marcelle, Université Catholique d’Afrique Centrale, (Cameroun);
  • MACCARD BADINGA CITALA Marcel, Université de Mbujimayi, (République Démocratique du Congo);
  • NEH FRU Mary Immaculate, Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Cameroun);
  • NGA NGONO Achille, Université Catholique d’Afrique Centrale (Cameroun);
  • NGA OLOA Linda Paule Carelle, Université de Dschang, (Cameroun).

Comité scientifique

  • AKONO ONGBA SEDENA, Université de Bertoua, Cameroun;
  • ALLADIN Judicael, Université de Montréal, Canada;
  • AMOUGUI GALAOUA Pulchérie, Université Catholique d’Afrique Centrale, Cameroun;
  • ANIMBOM Paul, Université de Bamenda, Cameroun;
  • ANUOLUWAPO Jolaoso, University of Lagos, Nigeria;
  • BELPORO Christelle, Université de Montréal, Canada;
  • BIGOMBE LOGO Patrice, GRAPS/Université de Yaoundé II, Centre de Recherche et d’Action pour le Développement Durable en Afrique centrale, Cameroun;
  • EBENE Jean Louis, Université Catholique d’Afrique Centrale, Cameroun;
  • ESSAMA MEKONGO Pierrette, University of Yaoundé II, Cameroon;
  • ESSIEN Eddy Bruno, Charles University, Czech Republic;
  • GASSI MATAGO Estelle, Université de Yaoundé II, Cameroun;
  • HAUMONT Francis, Université Catholique Louvain, Belgique;
  • JILEFACK AMIN NGAMI, McGill University, Canada;
  • KARBO Tony, University of Peace-Africa, Ethiopia;
  • KENFACK Pierre Etienne, Université Catholique d’Afrique Centrale, Cameroun;
  • MACHIKOU NGAMENI Nadine, Université de Dschang, Cameroun;
  • MC QUINN Mark, University of London, United Kingdom;
  • MEHARI FISSEHA, University of Granada, Spain;
  • MULAMBA Ingrid, Université de Kinshasa, République Démocratique du Congo;
  • NGUESSELE Ornella ; Université Catholique d’Afrique Centrale, Cameroun;
  • NJIFON NJOYA Hassan, Université de Buea, Cameroun;
  • OUMBA Parfait, Université Catholique d’Afrique Centrale, Cameroun;
  • TAMASSANG Christopher FUNWE, Université de Yaoundé II, Cameroun;
  • TOUSSE DJOU Josiane, Université de Yaoundé II, Cameroun.

Bibliographie indicative

Abayomi, S. (2010). Plantes médicinales et médecine traditionnelle d’Afrique. Paris : Karthala.

Bayart, J.-F. (1983). La revanche des sociétés africaines. Politique africaine, (11), 3-26.

Cantrelle, P., & Locoh, T. (1990). Facteurs culturels et sociaux de la santé en Afrique de l’Ouest (36 p.). Paris : CEPED.

Chanial, P. (2010). Le New Public Management est-il bon pour la santé ? Bref plaidoyer pour l’inestimable dans la relation de soin. Revue du MAUSS, (35), 135-150.

Creusat, L. (2000). Gestion traditionnelle de la maladie et politique de santé en Afrique du Sud. Clermont-Ferrand : Presses universitaires Blaise-Pascal.

Edou Mvelle, A. R. (2020, mai). Gouverner la santé par l’authenticité : Le coronavirus, la figure de l’animal et l’ethnomédecine en contexte africain. Thinking Africa, Tribune libre.

Fassin, D., & Fassin, É. (1989). La santé publique sans l’État : Participation communautaire et comités de santé au Sénégal. Revue Tiers Monde, 30(120), 893-899.

Foucault, M. (2007). Surveiller et punir : Naissance de la prison. Paris : Gallimard.

Jaquemot, P. (2020, avril). Les systèmes de santé en Afrique mis à l’épreuve. Policy Center for the New South.

Lerberghe, W. V. (1993). Les politiques de santé africaines : Continuités et ruptures. Bulletin des séances, 39, 205-230.

Médard, J.-F. (2001). Décentralisation du système de santé publique et ressources humaines au Cameroun. Bulletin de l’APAD, (21). Mis en ligne le 27 mars 2006. Consulté le 7 mai 2020, sur http://journals.openedition.org/apad/35

Morelle, M., Le Marcis, F., & Faye, S. L. (2020). Penser la prison à l’heure de la pandémie de coronavirus en Afrique. Africa4 – Libération.fr (Carnet). https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02555841

Nfuwimana, F. (2004). Société civile africaine : Enjeux et perspectives d’une prise de conscience (Rapport). Partnership Canada Africa.

Otayek, R. (2009). La problématique « africaine » de la société civile. Dans M. Gazibo & C. Thiriot (dir.), La politique en Afrique (pp. 209-226). Paris : Karthala.

Oumayma, B., & Dadush, U. (2020, avril). Coronavirus et climat : Tirer les leçons du cas français. Policy Center for the New South.

Poncelet, M., & Pirotte, G. (2007). L’invention africaine des sociétés civiles : Déni théorique, figure imposée, prolifération empirique. Monde et développement, (139/3), 9-23.

Ridde, V., & Jacon, J.-P. (2013). Les indigents et les politiques de santé en Afrique : Expériences et enjeux conceptuels. Louvain-la-Neuve : Éditions Academia, coll. « Investigations d’anthropologie prospective ».

Sidibé, F. M. B. (1998, juin). La confrérie des chasseurs traditionnels et les valeurs authentiques d’enracinement de la société civile africaine. Quest: An International African Journal of Philosophy, 12, 91-104.

Licence


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ISSN : Version imprimée

2756-7206

ISSN : Version en ligne

2756-7206