Volume 1 – numéro 2 – 2019 : Crises contemporaines

Esquisse d’une sociologie des mobilisations anglophones au Cameroun

José Donadoni Manga Kalniga et Bayie Kamanda Anyi Mukep Massa

 

Tout processus de mobilisation multisectorielle, quelle qu’en soit la forme et quels qu’en soient les acteurs particuliers, paraît avoir pour effet d’affecter, dans ses « structures » mêmes, l’organisation routinière de la société (Dobry, 2009, p. 125).

Le paysage politique et institutionnel au Cameroun depuis la décolonisation connaît des vagues successives de crises qui placent cet État dans une incertitude structurelle. L’idée d’incertitude structurelle renvoie ici à cette dynamique contestataire des institutions politiques au Cameroun depuis les mouvements de la décolonisation à l’unification des États fédérés en passant par la réunification des deux Camerouns en 1961. Cette incertitude est aussi politique[1] et dévoile alors un appel d’une autre forme d’État par les sécessionnistes et un vœu de participation à la gestion des affaires au niveau suprême, régional et communal. Cela justifie par ailleurs les appels synchronisés à la décentralisation et la résurgence de la question anglophone.

En effet, « reconstituer les chemins de la question anglophone au Cameroun requerrait de retracer l’histoire de la décolonisation des deux territoires anciennement sous tutelles française et britannique, puis celle de la recentralisation de l’État camerounais » (Machikou, 2018, p. 119). Le fait colonial a induit au fractionnement du Cameroun. D’abord héritière d’une colonisation allemande à travers le traité germano-douala, le Cameroun adopte ensuite les traditions coloniales anglaise et française après la défaite de l’Allemagne durant la Première Guerre Mondiale. Malgré l’indépendance du Cameroun Oriental en 1960, puis du Cameroun Occidental en octobre 1961, la réunification des deux entités étatiques à cette date et l’unification le 20 mai 1972 ne vont pas estomper les différences qui se renforceront avec les systèmes d’administration directe et indirecte. Ces différences se cristallisent dans la redistribution du pouvoir et l’accès aux ressources « développementistes ». C’est suite à cette difficulté d’accès à l’État, engendrant des « frustrations », que la partie anglophone va poindre à l’horizon vers la fin de l’année 2016: c’est l’éclatement d’une crise corporatiste qui s’est généralisée avec l’entrée en scène des sécessionnistes (Machikou, 2018, p. 119-122). Ces dynamiques mobilisationnistes rappellent quotidiennement le caractère incertain et, en même temps, stationnaire de l’État (Eboko et Awondo, 2018, p. 5-27).

Le présent article évoque les logiques des mouvements sociaux et de l’État camerounais dans la gestion de la crise anglophone. En d’autres termes, comment l’incertitude du lendemain et de la gestion de l’État a engendré des ruptures et des revendications sociales et politiques au Cameroun? L’objectif de cette réflexion est d’analyser les stratégies de mobilisation des acteurs de la crise anglophone tels que les pouvoirs publics, la communauté internationale et les organisations de la société civile. Il s’agit précisément de décrire et d’analyser les mécanismes de mobilisation des ressources conjugués par les acteurs de la crise. Pour appréhender cette réalité, l’article recourt à la théorie des mobilisations multisectorielles pour décrypter les ruptures, les continuités, les inflexions et les trajectoires des luttes qui structurent la scène sociopolitique au Cameroun. Il s’appuie sur l’exploitation des archives documentaires et de la presse locale pour retracer l’incertitude structurelle ayant engendré la crise.

Incertitude structurelle et résurgence de la question anglophone au Cameroun

Quelques prémisses peuvent être retenues ici comme des éléments favorables à la crise anglophone. En effet, avant d’en arriver là, il faut rappeler que l’idée d’une « Ambazonie », depuis le début du problème anglophone (Konings et Nyamnjoh, 1997, p. 207-229), ne s’est jamais estompée, malgré le passage à l’État fédéral en 1961 (Abwa, 2015). Pour Daniel Abwa, le Cameroun est une mosaïque de peuples divisés par la géographie et l’histoire. La construction de l’anglophonie s’est faite sous le couvert de la colonisation qui a accouché de deux Camerouns comme il a été mentionné. Mais ce parcours est illustratif de l’antécédent du nationalisme camerounais qui a mal négocié la répartition du pouvoir entre les deux blocs dès 1961. C’est ce qui a provoqué une résurgence des crispations identitaires à caractère sécessionniste qui vont s’exprimer par l’entremise des mouvements associatifs, notamment le Southern Cameroons National Council (SCNC) et le Consortium de la société civile anglophone. Pour parler du problème anglophone, il faudrait – selon Daniel Abwa qui ne reconnaît pas l’existence de l’anglophonie ni de la francophonie, seulement de la camerounophonie – distinguer 03 postulats de cette doctrine: il existe un camp francophone et un camp anglophone; les anglophones souffrent d’une marginalisation par les francophones considérés comme des sous-citoyen-ne-s; et l’exigence d’un retour à la fédération, synonyme de la création de l’» Ambazonie ». Pour cet auteur, la logique anglophone se refuse de reconnaître que l’histoire du Cameroun ne saurait se limiter en 1916 et opte plutôt pour la victimisation anglophone et le rejet des tentatives d’intégration nationale. Ces attitudes permettent de saisir les enjeux de la question anglophone qui, de toute évidence, vise la réhabilitation des anciens briscards anglophones et la quête d’un strapontin pour un retour au fédéralisme. Cela va continuer en 1985 avec l’appel à la sécession par l’avocat Gorji Dinka, ensuite avec la première et la deuxième All Anglophone Conference en 1993-1994, puis avec la fondation en 1995 de la fondation du Southern Cameroons People’s Conference (SCPC) et la Southern Cameroon’s Youth League (SCYL). En 1999, c’est la déclaration d’indépendance de l’Ambazonie (Pigeaud, 2011). En 2013, est créé l’Ambazonia Governing Council. C’est en 2017, à l’issue des mobilisations sécessionnistes que la République fédérale d’Ambazonie est proclamée (Jeune Afrique no 3029, 2019; p. 35-40).

C’est dans ce registre que se situe la veine des revendications de la fin de l’année 2016 dans les deux régions anglophones. Ces revendications dénoncent tout d’abord une volonté de maintien au pouvoir du président Paul Biya relayé par les motions de soutien et de déférence. À titre d’illustration, on citera le cas des « appels du peuple » des militants et militantes du RDPC[2] envoyés au cabinet civil de la Présidence: « Présidentielles 2018: Le cabinet civil en pré-campagne », ainsi titrait le journal Mutations no 4022 de 2015 (p. 3). À ce moment, l’environnement politique est jouxté par la contextualisation des mobilisations multisectorielles. Ensuite, le ballet des soutiens politiques va s’enchaîner chez le président de l’Assemblée Nationale Cavaye Yéguié Djibril avec le Mayo-Sava le 13 novembre 2015, puis le grand Sud le 08 janvier 2016, etc. À ces appels du peuple, Paul y répondra ainsi qu’il suit: « Les élections présidentielles camerounaises de 2018 sont certaines mais encore lointaines. Nous avons le temps de réfléchir et le moment venu, les Camerounais, les amis français et tout le monde sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite » (Paul Biya, 2015). Cette déclaration a sans doute placé l’opinion publique dans une dynamique spéculation. Ainsi, le départ de Paul Biya, président du RDPC, aurait pu contribuer à mettre à nu les grands requins de ce parti politique. Et dans ce cas, il était opportun et prudent de forcer la main du prince afin qu’il brigue un autre mandat à l’effet de « demeurer démocratiquement » au pouvoir. Ces agitations ont aussi stimulé la partie anglophone qui s’est résolue à croire que c’est l’accès au pouvoir qui pourrait résoudre le problème des inégalités signalées par les mouvements politiques anglophones.

Face à ces appels allant dans le sens de pérenniser la logique de Biya For ever, le camp anglophone va mobiliser les ressources divergentes au rang desquelles figurent les mobilisations de 2016. Ces mobilisations visent la maîtrise de « la ‘‘structure du contrôle’’ des ressources, c’est-à-dire celle qui affecte le ‘‘modèle’’ de la répartition de ce contrôle entre les divers types – hiérarchisés – d’unités sociales » (Dobry, 2009, p. 4). De ce fait, le mouvement anglophone vient renouveler et rafraîchir la doctrine évoquée par Daniel ABWA. Or, ce postulat ne passe véritablement pas dans les rangs du gouvernement qui estime que la forme de l’État n’est pas une question à l’ordre du jour. Face à ces deux postures « opposées », le mouvement social contestataire de la forme de l’État va recourir à des moyens moins institutionnels. Il s’agit de la radicalisation de la contestation à travers l’entrée dans le maquis de ceux et celles qu’il convient d’appeler « les sécessionnistes ». Ainsi, les affrontements guerriers entre les forces armées camerounaises et les sécessionnistes vont causer des pertes en vies humaines. En novembre 2018, l’Organisation des nations unies dénombrait 437 500 déplacé-e-s dans les deux régions du Nord-Ouest et d Sud-Ouest et 30 000 Camerounais-e-s réfugié-e-s au Nigéria (Jeune Afrique n° 3029 du 27 au 02 février 2019).

Dans le sillage de cette crise, il a été évoqué l’idée d’un dialogue de sourds pour signifier que le pouvoir en place véhicule une seule idéologie, celle de l’indivisibilité de l’État qui est non négociable. Or, dans le camp des « Ambazoniens », il s’agit essentiellement de retourner aux limites coloniales françaises et britanniques[3]. À ce niveau, l’on peut prendre du recul et considérer que le retour aux limites coloniales ne saurait commencer avec les Anglais et les Français. Ce qui astreint à retourner aux frontières du « Kamerun » depuis le traité germano-douala de 1884. Bien que cet argument soit discutable, il faut retenir que le mouvement anglophone est né de la frustration d’être peu associé au partage des richesses nationales.

Si au départ, la mobilisation collective avait un but corporatiste et visait l’amélioration des conditions de vie et de travail des avocat-e-s et des enseignant-e-s, elle a connu une radicalisation sous l’impulsion de Julius Sissiku Ayuk Tabe, président autoproclamé de la partie Nord-Ouest et Sud-Ouest. Son arrestation, avec quelques-uns de ses partisans, n’a pas, jusqu’ici, mis fin aux affrontements guerriers dans ces régions. Le mouvement anglophone véhicule également un ordre social différencié qui rend compte des dynamiques de différences conflictuelles présentes au Cameroun.

Réactions étatiques, radicalisation sécessionniste et impasse au Cameroun

Après les revendications des grévistes et syndicalistes anglophones, le gouvernement a entamé, à travers deux comités ad hoc, un dialogue « républicain » avec les grévistes, notamment les enseignant-e-s du sous-système éducatif anglophone et les avocat-e-s. À certaines de leurs demandes « républicaines », des réponses ont été apportées: la création d’institutions de dialogue comme la Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme[4], le redéploiement des enseignant-e-s francophones, l’affectation des enseignant-e-s anglophones dans les deux régions en crise, les affectations dans la magistrature, le recrutement de 1000 enseignant-e-s bilingues (Le Jour no 2353, 2017, p. 2-3), l’ouverture d’une section Common Law à l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM), la traduction des termes du droit OHADA en anglais, le réaménagement du gouvernement le vendredi 02 mars 2018, avec comme corolaire la nomination des anglophones dans les ministères clés, notamment Paul Atanga Nji à l’Administration Territoriale, Pauline Nalova Lyonga Egbe aux enseignements secondaires, etc. Si les forces sociales ont une marque importante dans l’ordonnancement des actions et mobilisations collectives, cette réussite n’est pas le cas dans le rang des forces politiques. Ces mesures ont conduit à la fragmentation du camp anglophone et donc à la réduction de l’autonomie des différents acteurs de la crise dans les deux régions. C’est pour ceux qui semblent avoir obtenu gain de cause n’ont plus trouvé des raisons nécessaires pour continuer cette mobilisation.

Cependant, ces solutions n’ont pas véritablement atténué les parties prenantes. Elles ont aussi conduit à une désectorisation de l’espace social, c’est-à-dire un désenclavement de l’espace de confrontation « des arènes ou lieux de compétition propres aux divers secteurs, lorsque ces derniers sont affectés par des mobilisations multisectorielles » (Dobry, 2009, p. 127). À titre d’illustration, l’on peut évoquer le transfert et le jugement des citoyens anglophones arrêtés après les exactions à Yaoundé. Ce qui a eu des effets sur stratégies d’action collective de la partie anglophone, sur le relâchement des liens socioculturels et politiques (il s’agit ici de la masse et de sa capacité d’action ou d’effervescence) et sur de la diminution de l’auto-référence (Luhmann, 1990). Mais le dialogue « républicain » résistait aux revendications du Consortium sur la forme de l’État. Et d’ailleurs, la persistance de l’idée d’une indivisibilité de l’État et d’un refus du retour au fédéralisme a engendré « la montée dans l’échelle de la violence ou l’aggravation de l’intensité du conflit » (Dobry, 2009, p. 125).

La radicalisation de la crise anglophone a induit un recours aux moyens et aux ressources disproportionnés. Les anglophones se sont donc retrouvé-e-s dans une « prise de parole en silence » (Le Jour, 2353, p. 3) où il est impossible de discuter de la forme de l’État, car « le Cameroun est un et indivisible et le restera » selon son président (Paul Biya, 2016). Le refus du gouvernement d’écouter « le cri de l’homme anglophone » (Ela, 1980) a entraîné la radicalisation des « Ambazoniens ». Dans la même lancée, le régime a procédé à l’interdiction des manifestations publiques dans les deux régions en situation de crise; il a ensuite interrompu la connexion internet pour déconnecter les citoyen-ne-s de cette partie du territoire de l’ensemble du monde parce que le déroulement de cette crise était mis en ligne via les réseaux sociaux en temps réel. L’on peut aussi évoquer l’arrestation de Mancho Georges Tse, président du consortium de la société civile anglophone, et certains de ses camarades. Cela a donc entraîné une « psychose sociale » initiée et renforcée par des « transactions collusives » (Dobry, 2009, p. 112).

La crise anglophone devient une arène systémique où le gouvernement, par ses instruments et ses appareils, au sens gramscien du terme, cherche à rétablir l’ordre, l’intégrité et l’indivisibilité de la nation; alors que de l’autre, c’est plutôt le retour à un sentiment colonial primordialiste, dit anglophonie et donc de restauration de l’» Ambazonie ». Même s’il peut être concédé que « les arrestations dans la région anglophone [soient] abusives et arbitraires » (La Nouvelle Expression No 4400, 2017, p. 8), il faudrait reconnaître que la radicalisation des mouvements sécessionnistes a entraîné les prises d’otage des autorités administratives et sectorielles, la mise à mal de l’ambassade du Cameroun au Canada, la guerre ouverte contre les forces de l’ordre, etc.

Conclusion

La crise anglophone participe d’une incertitude structurelle qui est liée à un état de la construction sociale et politique accrochée aux legs coloniaux. Si certains citoyen-ne-s ont du mal à se retrouver dans le sentiment national, c’est qu’ils se sentent de moins en moins intégrés dans un milieu qui prend marginalement en compte leurs habitus. L’anglophonie est une poudrière qui se renouvelle sans cesse idéologiquement et saisit les conjonctures pour s’exprimer et se faire valoir. Le problème est réel et il s’agit de réorganiser les institutions de manière à ce que tou(te)s les citoyen-ne-s se sentent de plus en plus pris-e-s en compte dans l’itinéraire de leur destin commun. En adoptant la décentralisation à l’issue des turbulences et tremblements sociopolitiques au début de la décennie 90, certains y ont fondé un grand espoir. Mais, elle recèle encore des difficultés quant à sa mise en œuvre. La pédagogie décentralisatrice peut être salvatrice des mobilisations multisectorielles actuelles parce qu’elle est à même de les absorber; à condition qu’elle soit mise au service des citoyen-ne-s et non au service de l’élite qui a longtemps tenu à distance le peuple. Et ce n’est qu’à partir de là que la décentralisation peut se décliner comme une chance de « recommencement sociopolitique » au Cameroun (Motaze, 2016). La dynamique de la société politique camerounaise est en train d’opérer une logique de routinisation qui fait qu’à chaque crise, l’État cherche des stratégies nouvelles de désamorçage des crispations. Il s’agit, pour ainsi dire, de la continuité et du devenir et de la restauration (Allal et Vannetzel, 2017) de l’ordre politique Camerounais.

Références

Abwa, Daniel. 2015. Ni anglophones, ni francophones au Cameroun: tous des Camerounais!!: Essai d’analyse historique en hommage au Pr M. Z. NJEUMA. Yaoundé: Le Kilimandjaro.

Allal, Amin et Vannetzel, Marc. 2017. Des lendemains qui déchantent? Pour une sociologie des moments de restauration. Politique africaine, 146, 5-28.

Biya, Paul. 2015. Discours du Président de la République à l’occasion de la visite de son homologue François Hollande le 03 juillet 2015.

Biya, Paul. 2016. Discours du président Paul Biya à la Nation le 31 décembre 2016.

Décret n° 2017/013 du 23 janvier 2017 portant création de la Commission Nationale pour la promotion du bilinguisme et du Multiculturalisme.

Dobry, Michel. 2009. Sociologie des crises politiques (3e édition revue et argumentée). Paris: Presses de Sciences pô.

Eboko, Fred et Awondo, Patrick. 2018. Introduction au thème: L’État Stationnaire. Entre chaos et Renaissance. Politique Africaine, 150, 5-27.

Ela, Jean-Marc. 1980. Le Cri de l’homme Africain. Paris: Karthala.

Jeune Afrique n° 3029 du 27 au 02 février 2019.

Konings, Piet et Beng Nyamnjoh, Francis. 1997. The Anglophone Problem in Cameroon. The Journal of Modern African Studies, 35 (2), 207-229.

La nouvelle Expression no 4400 du vendredi 20 janvier 2017.

Le Jour no 2353 du lundi 16 janvier 2017.

Luhmann, Niklas. 1990. Essai sur l’autoréférence. New York: Presses de l’Université de Colombia.

Machikou, Nadine. 2018. Utopie et dystopie ambazoniennes: Dieu, les dieux et la crise anglophone au Cameroun. Politique Africaine, 150, 115-138.

Motaze Akam. 2016. Le Social contre le politique en Afrique noire. Sociétés civiles et voies nouvelles. Paris: L’Harmattan.

Mutations no 4022 du jeudi 12 novembre 2015.

Pigeaud, Fanny. 2011. Au Cameroun de Paul Biya. Paris: Karthala.



  1. Il existe une thèse qui souligne que la crise anglophone cache un vœu des anglophones de participer plus à la gestion de l’État à certains potes clés de la république. Sauf que, ce qui bute, c’est que l’accession à la fonction présidentielle se fait par voie d’élection démocratiquement organisée. En plus, le régime de dauphinat qui a eu cours lors de la transmission du pouvoir présidentiel entre Ahmadou Ahidjo et Paul Biya n’existe plus dans le registre de la transmission du pouvoir au Cameroun. Cette logique de passation du pouvoir peut avoir cependant eu comme un effet de soubassement aux crises actuelles, au point que certains considèrent que la légitimité du président Paul Biya soit historique et non démocratique. Mais, à l’issue des scores engrangés à chaque échéance électorale depuis 1992 jusqu’aux dernières élections de 2018, cet argument peut être battu en brèche.
  2. Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
  3. Toutefois, une autre thèse relativise la posture ambazonienne, car elle laisse à penser que l’ordonnancement des mobilisations sécessionnistes est un stratagème pour parvenir à diviser le Cameroun. De cette thèse qu’est née l’idée d’un agenda caché.
  4. Décret n°2017/013 du 23 janvier 2017 portant création de la Commission Nationale pour la promotion du bilinguisme et du Multiculturalisme.

Pour citer cet article

Manga Kalniga, José Donadoni et Kamanda Anyi Mukep Massa, Bayie. 2019. Esquisse d’une sociologie des mobilisations anglophones au Cameroun. ADILAAKU. Droit, politique et société en Afrique, 1(2), 41-53. DOI : 10.46711/adilaaku.2019.1.2.4

Licence

La revue Adilaaku. Droit, politique et société en Afrique est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

Digital Object Identifier (DOI)

https://dx.doi.org/10.46711/adilaaku.2019.1.2.4

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