Volume 1 – numéro 1 – 2019 : Nation et République sous le prisme des défis contemporains

Analyse sociopolitique de la fragilité de l’État du Cameroun

Hermann Minkonda et Bertrand-Michel Mahini

 

Depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le regard porté sur les questions sécuritaires a considérablement été modifié. Les pays pauvres sont désormais perçus comme des fabriques de potentielles menaces pour la sécurité des pays développés voire pour la paix dans le monde. C’est donc dans la perspective de repenser la sécurité internationale que va se développer le concept d’État fragile. Ce terme, rapidement saisi par Carment, Stewart et Yiagadeesen (cités par Nay, 2013, p. 141) comme « un objet d’étude majeur pour les sciences sociales », désigne de façon générique les États en crise considérés comme étant faibles, vulnérables, dysfonctionnels, effondrés, défaillants, anachroniques, faillis, précaires, fragmentés, etc. (Nay, 2013, p. 142). Plus spécifiquement, il renvoie au manque de volonté politique et à l’incapacité manifeste pour un pays de produire les services de base à ses populations. De manière extensive, est État fragile, tout pays affaibli « par les guerres, les crises institutionnelles répétées ou la pauvreté extrême » et dans lequel « les institutions de gouvernement ne sont plus capables de maintenir des conditions de stabilité politique et de développement suffisantes pour garantir la sécurité et le bien-être des populations » (Nay, ibid., p. 141).

Longtemps affublé des épithètes d’État sorcier, autoritaire, sous-développé, post-autoritaire, absent et néopatrimonial (Eboko et Awondo, 2018, p. 6), le Cameroun sera associé à la nouvelle catégorie d’État fragile le 25 mai 2010 par l’Organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG). Six ans plus tard, Eyram Zoubgbede (2016), dans un texte fort évocateur intitulé « Votre pays est-il un État fragile? », identifiait à l’aide des matrices référentielles du rapport de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur l’état de fragilité en 2015, l’État du Cameroun comme étant une République fragile. Les rapports 2016 et 2017 de ICG (2016), qui s’appuient sur l’analyse de la guerre contre Boko haram et sur la crise anglophone, reviennent à la charge en classant implicitement, mais certainement le Cameroun dans la catégorie d’États fragiles (Minkonda, 2017, p. 297-332). Dans cette mise en filigrane, le Cameroun est montré comme un pays dans lequel le rêve de « vivre à l’abri de la peur et à l’abri du besoin » (Minkonda, 2018a, p. 103-132) est persistant et dans lequel les instances étatiques n’ont pas la volonté politique et/ou la capacité d’assumer les fonctions essentielles requises pour faire reculer la pauvreté, promouvoir le développement et assurer la sécurité et le respect des droits de l’homme. En considérant les éléments qui précèdent, on peut trouver une explication à cet état de fait.

Après avoir réuni malgré lui la quasi-totalité des germes d’effondrement (Clément, 2003), le Cameroun serait devenu comme le Soudan (Jumbert, 2014), la Somalie (Hagmann  et Hoehne, 2009), l’Indonésie (Heiduk, 2014) ou l’Ouganda (Fisher, 2014). Cet État aurait substantiellement perdu le monopole de la contrainte physique légitime (Weber, 1971, p. 34-47). Selon les normes inspirées de celles des pays développés (Huntington, 1965, p. 392), il serait incapable de satisfaire les attentes de sa population, de répondre, par des processus reconnus et acceptés par cette dernière, à l’évolution de ses attentes, de gérer les moyens disponibles et de négocier l’obtention des ressources nécessaires, pour y faire face. Possédant en son sein des éléments de déstabilisations et de destructions. Dans ce contexte, le Cameroun serait déjà un probable candidat à la faillite avec une présence des facteurs de désintégration (Zartman, 1995) et de fragmentation (Pierre-Caps et Mouton, 2012). L’actualité elle-même tend à confirmer qu’à la stabilité relative de ce pays depuis les indépendances, a succédé une émergence sans précédent des symptômes crisogènes et conflictogènes. Le Cameroun appartiendrait donc à cette « cause perdue » de l’économie internationale qui, de surcroit, serait incapable d’acheter son ticket d’entrée dans la « société du savoir » (Chasseriaux, 2004, p. 163-178). À la lumière de toutes ces considérations, il devient difficile d’envisager une perspective différente qui exclurait le Cameroun de cette liste qui la proclame hors course ou hors-jeu dans le nouvel ordre mondial (Foreign Policy, 2005, p. 56-65). Pourtant, suivant une autre hypothèse basée sur des perspectives empiriques et des actions développementales qui sont sanctionnées par de nombreux rapports[1], cette damnation – à la limite normale – (Durkheim, 1991) du Cameroun dans cette situation de « mal partie » (Dumont, 1962), résiste difficilement à l’observation.

Dans le sillage des prolégomènes qui viennent d’être posés, cette contribution, dont l’énoncé est interrogatif et le propos dialectique, a pour objectif d’engager un débat analytique sur l’appartenance réelle ou supposée du Cameroun à la catégorie d’États fragiles. Ainsi, en puisant dans le portefeuille du constructivisme social et de l’interactionnisme, des recettes de la méthodologie discursive, la démonstration sera essentiellement basée sur les rapports des ONG et d’organisations internationales ou intergouvernementales. On citera entre autres, Amnesty international, l’ICG, l’OCDE, Doing business. Nous nous servirons également des données empiriques, des instruments et des outils développementalistes que le Cameroun a mis en œuvre depuis plusieurs années afin de se lancer dans la dynamique de l’émergence. Fort de tout ceci, peut-on valablement défendre l’idée selon laquelle le Cameroun est un pays dans lequel les institutions sont incapables d’assurer les fonctions fondamentales de l’État wébérien, à savoir la satisfaction des services de base à ses populations, le contrôle du territoire national, la protection contre des ingérences extérieures? Pour y répondre, l’analyse se fera en deux mouvements. Dans le premier, il sera question de présenter les différents éléments qui permettent d’aligner le Cameroun, dans une certaine mesure, dans la catégorie d’États fragiles. Dans le second, nous verrons que les actions de résilience et les options choisies par ce pays l’inscrivent dans un processus de résistance durable à la faillite.

Les variables expressives de l’appartenance du Cameroun à la catégorie d’États fragiles

L’alignement de la République du Cameroun dans la catégorie d’États fragiles, au regard des différents rapports des ONG et OIG, commence déjà à relever de la « normalité » (Durkheim, 1991, p. 52). Sa seule évocation relève même déjà du domaine des évidences, des réalités acquises sur lesquelles nul n’est besoin de s’attarder à nouveau. Cet ensemble de faits est dû à l’existence d’un déficit démocratique et d’une montée en puissance sans précédent des pôles d’instabilité dans le pays.

Le déficit démocratique, un critère de la fragilité du Cameroun

Le déficit démocratique désigne un manque de légitimité des  institutions et des hommes chargés de présider aux affaires d’une communauté politique (Moravcsik, 2003, p. 87).  Il est une expression principalement invoquée pour faire valoir le fait que le système politique et ses acteurs souffrent d’un manque de légitimité démocratique et qu’ils semblent inaccessibles au citoyen du fait de la complexité du système de gouvernance (Michel, 2008, p. 109). Dans le cas du Cameroun, qui se donne à voir et à penser comme « État stationnaire » – c’est-à-dire une organisation politique qui produit un système d’allégeances clientélistes dont l’objectif central est la conservation du pouvoir (Eboko et Awondo, 2018, p. 4) –, le déficit démocratique se manifeste par l’existence d’un gouvernement perpétuel et par l’existence d’un mode néopatrimonial de régulation politique.

Le gouvernement perpétuel ou « sempiternel » renvoie à un mode de gestion d’État qui se singularise par des manœuvres gouvernantes orientées vers la pérennisation inconditionnelle du leader présidentiel au sommet de l’architecture institutionnelle (Owona Nguini, 2009, p. 254-268). Ce modèle de gouvernance, qui se caractérise par une « démocratisation janusienne » (Owona Nguini et Menthong, 2018, p. 2), se retrouve généralement dans un contexte marqué par la propension des acteurs hégémoniques qui dominent les dispositifs étatiques et s’éternisent au pouvoir.

Le champ politique camerounais est un espace relativement « clos » (Popper, 1992) qui se particularise par une longévité exceptionnelle du Chef de l’État à la tête du pays (Sindjoun, 1996, p. 57-67). Considéré par certains analystes politiques comme le « gestionnaire du temps », le « maître du sens » et le « juge des intérêts supérieurs » (Sindjoun, 1996, p. 41), le président de la République au Cameroun, comme ses pairs d’Afrique Centrale (Minkonda, 2017, p. 304-306), est devenu presque inamovible. Pour se maintenir au sommet de la pyramide gouvernante, il procède en fait par une « instrumentalisation politique du droit » (Sindjoun et Owona Nguini, 1997) dont le but est d’asseoir la structuration dominante de son pouvoir par des actions qui permettent de consolider la prépondérance de la fonction présidentielle. « Président à vie », il bat le record d’une longévité sans précédent au pouvoir grâce à une maîtrise d’une « démocratisation passive » (Menthong, 1998, p. 40-52) qui s’apprécie par la voie d’élections loyales, libres et compétitives. Présidant aux destinées du Cameroun depuis 1982, à la suite de la démission du premier Chef d’État Ahmadou Ahidjo (1960-1982), il a passé à ce jour 36 ans à la tête de la magistrature suprême.

Quant au manque d’alternance au sommet de l’État, il est marqué par une rareté des dynamiques d’alternance des postes de pouvoir. Les hauts commis de ce système politique présidentialiste (Sindjoun, 1996) se conduisent comme des entrepreneurs et opérateurs économiques motivés essentiellement par le développement de ressources de « monopolisation de pouvoir » (Joseph, 1990, p. 45-53) à même de permettre une redistribution clientéliste et une installation des moyens de domination atemporel et éternel. Ces différents acteurs qui gravitent autour du chef de l’État ont mis en place des instruments qui permettent de consolider la prépondérance de la fonction présidentielle et qui les aident à canaliser un renouvellement sans renouveau des élites politiques (Eboko, 1999). Pour illustrer ce propos, prenons le cas de quelques élites qui détiennent certains leviers du pouvoir politique, économique et institutionnel depuis plusieurs décennies à l’instar du président de l’Assemblée Nationale depuis 1992 (soit 25 ans[2]), du président du Conseil Économique et Social depuis 1984 (soit 33 ans; il a aussi été ministre sous Ahidjo); du directeur général de la Société Nationale des Hydrocarbures depuis 1983 (soit 34 ans); du premier président de la Cour Suprême 1992-2014 (soit 22 ans), etc. Ce gouvernement se perpétue en raison du déficit démocratique.

L’autre indice du déficit démocratique en contexte camerounais est le mode néopatrimonial de régulation politique. L’exercice « néopatrimonial » du pouvoir opère « dans le cadre et avec la revendication d’un cadre étatique moderne de type légal-rationnel » (Bach et Gazibo, 2011, p. 11). De ceci, découle une interpénétration constante entre intérêts privés et intérêts publics, la gestion sur un mode privé de fonctions officielles, le népotisme dans le recrutement des fonctionnaires et dans la sélection de l’entourage des officiels, la primauté des loyautés personnelles sur les relations institutionnelles, ainsi qu’une faiblesse corrélative des institutions et du droit qui n’ont pas la capacité d’encadrer le comportement des acteurs. On peut également ajouter à cette liste la faible imputabilité des dirigeants, un clientélisme poussé et l’absence d’incitation ou d’obligation à adapter des politiques économiques porteuses de développement.

Si ce type hybride d’organisation politico-institutionnelle ne peut plus être perçu comme l’apanage des « sociétés en développement » (Meny, 1992), il reste qu’il s’enracine avec plus de vigueur, de dextérité voire même de facilité au Cameroun (Médard, 1977, p. 39). Plusieurs auteurs qui s’intéressent à la scène politique africaine et camerounaise (Chabal et Daloz, 1999) sont d’accord pour dire que le Cameroun ploie sous le poids de la matérialité à deux principaux niveaux. Premièrement, le néopatrimonialisme, qui est intrinsèquement antidémocratique, est constitué par un ensemble de mécanismes et de normes qui mine la compétition et la participation politique (Sindjoun, 1994, p. 143-165). Deuxièmement, il joue un rôle central dans le sous-développement du Cameroun et constitue un facteur explicatif essentiel de la crise polico-économique et celle des valeurs au Cameroun. Le Cameroun est, selon Jean-François Médard (1977, p. 15), un État à la fois « fort, autoritaire et […] impuissant » où l’autorité politico-administrative est convertie en patrimoine privé par une bureaucratie et un parti que le président Ahmadou Ahidjo contrôlait étroitement. Personnalisation du pouvoir, confusion entre domaine public et domaine privé et absence de distinction entre la fonction et son titulaire sont masquées. Il est intéressant de noter que cette situation n’a pas beaucoup changé sous le règne du président Paul Biya. Elle s’est simplement modernisée et sophistiquée, confirmant ainsi l’hypothèse gramscienne – reprise par Bayart – de la continuité du « bloc hégémonique » et de la dynamique de « l’assimilation réciproque des élites » (Bayart, 1989, p. 15).

L’instabilité politique, une variable déterminante de la fragilité du Cameroun

L’instabilité politique renvoie à la propension d’un pays à s’effondrer, de façon constitutionnelle ou non, suite à une longue dégénérescence systémique (Zartman, 1997). Elle est due à des évènements déstabilisants qui ôtent toute capacité de résilience et minent tout développement durable. Généralement associée à la crise de la légitimité de l’État et à sa déliquescence (Mbembe, 1993, p. 345-375), elle se singularise au Cameroun par l’existence des facteurs crisogènes dans le septentrion, dans la région de l’Est ainsi que dans les régions dites anglophones.

La guerre que l’État du Cameroun mène contre le terrorisme dans le septentrion et la lutte contre le banditisme et les incursions de rebelles à l’Est du pays constituent la première dorsale explicative de l’instabilité politique. En effet, apparu en 2003 dans le Nord-Est du Nigéria (Higazi, 2013, p. 137-164), le groupe terroriste Boko Haram pose aujourd’hui un défi sécuritaire majeur à l’État camerounais et, dans une certaine mesure aussi, aux pays voisins qui se trouvent aux alentours du bassin du Lac Tchad. Même si, les réponses du Cameroun pour faire face à cette menace connaissent des fortunes relativement élogieuses, Boko Haram a réussi à installer un climat d’insécurité tous azimuts dans le septentrion. À côté des actes pernicieux qui ont troublé le quotidien des populations de la région de l’Extrême-Nord du pays (Pomerolle, 2015, p. 163-177)[3], les actions de cette secte ont non seulement complètement reconfigurées le mode de vie des individus dans la région, mais elles ont davantage plongé toute la zone dans une situation de crise permanente.

Dans la région de l’Est, le Cameroun subit depuis quelques années déjà l’escalade de la crise politique en République Centrafricaine. Les violations de ses frontières répétées sont couplées de pillages et d’enlèvements des groupes rebelles et des milices d’autodéfenses. Au-delà du fait que les forces de défense et de sécurité ont jusqu’ici réussi à repousser et à contrecarrer toutes ces attaques, l’afflux massif des personnes en provenance de la République Centrafricaine a des répercussions très graves sur le plan socio-économique et au niveau de la sécurité des localités frontalières du Cameroun (International Crisis Group, 2015).

Avec la situation dramatique et tragique qui sévit dans les zones dites anglophones, le Cameroun est mal classé dans la hiérarchie des nations du système mondial (Hermet, 1980, p. 205-221). Certains observateurs de la scène politique n’hésitent même plus à caractériser ce pays de « sous-développé » ou « néopatrimonial », « autoritaire », « post autoritaire », « sorcier », ou simplement « absent » (Eboko et Awondo, 2018, p. 3). Les facteurs crisogènes des régions dites anglophones renforcent cette lecture. En dehors des menaces sécuritaires qui proviennent pour la plupart de ses voisins à l’instar du Nigéria et de la RCA, le Cameroun fait face aujourd’hui à une montée en puissance sans précédent des revendications d’une partie de sa population en l’occurrence anglophone. Représentant 20 % de la population, les citoyens de cette zone du pays se sentent marginalisés. Si, leur colère est due à la précarité sociale qui ne dépassait pas encore le stade d’un mouvement d’humeur, leurs frustrations se sont exprimées avec force à partir de 2016 lorsque des revendications corporatistes se sont transformées en des revendications politiques qui ont donné lieu à des grèves et des émeutes. L’ampleur de la situation a obligé le gouvernement à négocier avec les syndicats et à faire quelques concessions[4].

Même si la mobilisation en faveur du fédéralisme et/ou de la sécession a pris des proportions inquiétantes à cause de la forte militarisation des revendications, le mécontentement d’une large majorité de la communauté anglophone demeure. Depuis trois ans, les deux régions dites anglophones vivent au rythme des villes mortes, du boycott des écoles et d’incidents violents. En paralysant les activités sociales et économiques, cette crise affecte inéluctablement le tissu économique national. Si rien n’est fait à terme, elle pourrait coûter au Cameroun quelques points de croissance du PIB et remettre en question les prévisions de croissance qui sont de l’ordre de 6 %, car ces deux régions fournissent l’essentiel de la production nationale de pétrole brut et sont propices à la création de plantations des cultures de rente.

Cependant, nous voulons considérer un autre scénario en marge du diagnostic qui vient d’être posé. En faisant fi de ce contexte de crise plurielle, la posture optimiste de certains analystes pourrait s’expliquer. Dès lors, pour tenter de comprendre, on posera le problème différemment et, plus modestement, en partant de l’hypothèse que les différentes actions que le Cameroun mène au quotidien compensent ses faiblesses et l’extirpent de cette situation de fragilité.

Les variables expressives de la résilience de l’État du Cameroun face aux risques d’effondrement

S’il existe des moments de crises notoires dans la dynamique contemporaine de construction de l’État du Cameroun (Bayart, 1985), il faut également noter que ce dernier a démontré jusqu’ici une résilience certaine. Cette capacité à résister à l’effondrement (Clément, 2004 : 35-50) est le résultat d’une double dynamique du « dedans et du dehors » (Balandier, 1971). Elle se traduit ainsi par des actions nationales et par un engagement international afin de se sortir de l’état de fragilité.

Les actions nationales de sauvetage du Cameroun

Les théories du développement politique et du déclin politique sont généralement avancées pour décrire la situation d’un pays soit en raison de la perte de ses capacités à remplir ses fonctions régaliennes, soit parce qu’il parvient à s’en (re)saisir (Huntington, 1965). S’inscrivant dans la seconde perspective, comme tout État qui aspire à un développement durable, le Cameroun a mis en place un nombre de mécanismes afin de se soustraire de la menace de la fragilité et de se maintenir dans sa dynamique d’émergence. Ces actions nationales sont principalement basées sur des mesures socio-économiques et sécuritaires.

Sur le plan socio-économique, nombre d’actions sont implémentées dans l’optique de dynamiser les leviers de l’émergence. L’on notera fondamentalement la redéfinition par le Cameroun de sa politique de développement socio-économique dès sa sortie de l’initiative PPTE (Pays Pauvres Très Endettés)[5]. Sa nouvelle politique de développement social et économique repose désormais, et ce depuis 2007, sur un nouveau régime financier de l’État[6] et sur ce qu’il est convenu d’appeler  la « vision 2035 »[7]. Cette dernière est progressivement implémentée par la mise en œuvre des mesures contenues dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE)[8]. Ce document est un concentré d’enjeux et de défis qui fait corps par l’entremise d’un outil de pilotage et de guidage de l’action publique étatique en termes de prospérité nationale à court terme (2020). À travers ces outils, l’intention des pouvoirs publics semble clairement s’afficher : celle d’inscrire véritablement le Cameroun dans la voie de l’émergence d’ici à l’horizon 2035.

Dans cette perspective, des actions ont été menées en vue de l’amélioration du climat des affaires. Celles-ci ont globalement porté sur la mise en œuvre des mesures relatives aux réformes réglementaires en matière de création d’entreprise, de collecte des taxes, de minimisation des coûts de transaction dans l’optique de garantir les droits de propriété et de résolution des différends (Minkonda, 2017, p. 320). À cette fin, la loi no 2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé a été adoptée et promulguée. Cette loi dispose, dans le chapitre des incitations fiscales, des bénéfices en termes d’exonérations, d’exemptions ou de réduction des paiements pendant la phase d’exploration et d’exploitation, à l’endroit de tous les investisseurs. À cela s’ajoute l’instauration du guichet unique pour toutes les formalités relatives à la création d’entreprises.

En plus de tous ces initiatives et efforts économiques menés en interne, le pays a remporté en juillet 2016 le premier prix du forum mondial d’investissement à Nairobi au Kenya (Minkonda, 2017, p. 322). Ce prix lui a permis aussi d’améliorer son classement dans le rapport 2016 du Tink-Tank américain Global Integrity. Au fait, classé pays à faible intégrité, il a vu sa note passée de 27 en 2015 à celle de 36 en 2016 dans l’Africa Integrity Indicators (AII) du Global Integrity en association avec la Fondation Mo Ibrahim. De même, même si l’exacerbation de la crise anglophone couplée aux difficultés quotidiennes ont porté un sérieux coup sur la croissance économique, dans le rapport Doing Business de 2017, le Cameroun a gagné trois places en passant de 166e en 2016 à 163e en 2017 (Doing Business, 2017, p. 16). Du reste, ce pays, 13e économie du continent, reste « la plus forte et la plus diversifiée de la CEMAC »[9] avec un régime politique assez stable eu égard à la dernière élection présidentielle qui a ethniquement polarisé la société camerounaise. Cet ensemble d’actions socio-économiques a été accompagné des mesures sécuritaires très fortes dans les différentes zones en crise.

En outre, sur le plan sécuritaire plusieurs initiatives politiques ont été prises pour lutter contre les menaces asymétriques et les revendications des populations. Pour faire face à ces menaces, les éléments de l’unité d’élite de l’armée, le Bataillon d’Intervention Rapide (BIR), ont été déployés dans l’Extrême-Nord. Par décrets[10] promulgués le 14 août 2014, le président Paul Biya décidait de scinder la troisième région militaire interarmée, basée à Garoua, et de créer une quatrième région, basée à Maroua, chef-lieu de l’Extrême-Nord, ainsi que de créer une nouvelle région de gendarmerie. De même, un régime d’exception informel, a été mis en place. Il s’est caractérisé par le déploiement d’environ 6 000 soldats à l’Extrême-Nord du pays; l’interdiction du port du voile intégral; l’interdiction des manifestations publiques; l’interdiction des attroupements; l’adoption de la loi n°2014/028 du 23 décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme. Ainsi, en novembre 2016, les forces de sécurité avaient déjà arrêté au moins 970 membres présumés de Boko Haram, majoritairement des hommes, dont environ 880 étaient incarcérés : 125 condamnés et environ 755 en attente de jugement à la prison de Maroua et dans les prisons secondaires de Kousséri, de Mora, à la prison principale de Yaoundé et à la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE) (ICG, 2016). Grâce à toutes ces mesures sécuritaires, la capacité de nuisance des différentes menaces à l’instar de la secte terroriste Boko Haram a considérablement baissé en intensité. Ce qui a sans doute amené Mahini (2019, p. 205) à parler du paradigme camerounais de lutte contre le terrorisme dans le respect des droits de l’homme comme « un contre-terrorisme rationalisé », c’est-à-dire qui repose sur l’utilisation concomitante des forces de sécurité et de la loi et sur une sociolégitimation (implication et participation des populations) de la guerre contre le Boko haram.

Concernant principalement la crise anglophone, une kyrielle de mesures gouvernementales ont déjà été entreprises pour apporter un début de solution. Au-delà des mesures militaires[11], on peut citer entre autres : la création d’une Commission nationale pour le bilinguisme et le multiculturalisme, de sections Common Law à la Cour suprême et à l’École Nationale d’Administration et de magistrature (ENAM), le recrutement de magistrats anglophones et bilingues, le recrutement de 1000 enseignants bilingues ou encore le rétablissement de la connexion internet après 92 jours d’interruption et de manière relativement récente, la création d’un plan d’urgence humanitaire. Même si les figures de proue de la contestation les ont jugées tardives et insuffisantes, elles ont néanmoins permis de baisser l’intensité de la crise et poser les bases d’un début de pourparlers. La somme de ces efforts gouvernementaux pour éloigner le pays de l’état de fragilité est fortement sous-tendue par un engagement international.

L’engagement international du Cameroun

Il se manifeste à deux niveaux.  D’un côté, on note les actions internationales du Cameroun et de l’autre, les actions de la communauté internationale en faveur du Cameroun.

Les actions internationales de l’État du Cameroun en vue de se dérober de la situation de fragilité sont légion.  À ce titre, il a abrité le sommet extraordinaire de la CEMAC[12] dans l’optique de sauver les économies des pays de la zone qui subissent de plein fouet les baisses des cours des matières premières et des ressources pétrolières, mais surtout de défendre la crédibilité internationale de l’ensemble de la sous-région. En 2013, c’est au Cameroun, pays qualifié de dangereux par certaines chancelleries occidentales[13], qu’ont été pensées les stratégies pour la gestion de la paix, de la sûreté et de la sécurité de la région golfe de Guinée. Ainsi, dans le communiqué sanctionnant la fin des travaux, il avait alors été décidé que c’est « le Cameroun qui abritera le siège du Centre interrégional de coordination, prévu par le mémorandum d’entente entre la CEEAC, la CEDEAO et la CGG sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest »[14]. En 2014, c’est encore au Cameroun que la conférence de l’Association des Parlementaires du Commonwealth (APC) s’est tenue. Celle-ci a précédé le sommet sur la guerre contre Boko Haram qui a eu lieu à Yaoundé en janvier 2015 dans la perspective de la mobilisation internationale contre le terrorisme (Tagou et Tchouamou Dinkou, 2016: 7). À cette liste non exhaustive, s’ajoute la conférence continentale des parlementaires africains pour réfléchir sur la problématique de l’intégration politique et socio-économique du continent africain : le rôle du parlement panafricain[15]; la réunion des chefs de police de l’Afrique Centrale et de l’Ouest sous le thème « Lutter contre le terrorisme en Afrique centrale et de l’Ouest » dont les échanges ont porté sur la stratégie antiterroriste mondiale d’Interpol, etc.

Le Cameroun participe activement aux côtés des Nations unies, particulièrement dans les opérations de maintien de la paix, dans la lutte contre le terrorisme, à la restauration de la stabilité et de l’orthodoxie institutionnelle dans de nombreux pays. À ce propos, l’on note « une participation tout azimut » (Ntuda Ebode, 2005) des forces de défense camerounaises aux opérations de maintien de la paix. Au-delà de la « participation individuelle »[16] au Darfour, au sud du Kivu, en Angola, au Rwanda, en Côte d’Ivoire, on note aussi une « participation collective » (Ndzie, 2009), principalement en République Centrafricaine (RCA) depuis 2008 jusqu’à nos jours, malgré son engagement dans de multiples fronts à ses frontières. En outre, le Cameroun accueille et encadre sur son territoire de milliers de réfugiés. D’après Najat Rochdi,

Il accueille aujourd’hui près de 320 000 réfugiés et demandeurs d’asile qui ont fui les conflits sanglants en République Centrafricaine et au Nigéria. À l’intérieur du pays, plus de 120 000 Camerounais ont été forcés d’abandonner leurs lieux de vie et sont désormais des déplacés internes suite aux violentes actions de Boko Haram… Cette attitude internationale du pays est un message de solidarité que les Camerounaises et les Camerounais envoient au monde entier (Rochdi, 2016, p. 3).

Les actions de la communauté internationale en faveur du Cameroun concourent aussi significativement à sa résistance contre une éventuelle faillite. Ces actions renvoient à la plus-value que le Cameroun tire de ses relations avec les Organisations intergouvernementales (OIG), les Organisations non gouvernementales (ONG), les Bailleurs de Fonds Internationaux (BFI) et les pays partenaires au développement. Avec l’Organisation des Nations Unies (ONU), deux exemples suffisent à illustrer l’action de cet organisme dans la résilience de Cameroun contre l’effondrement. Il s’agit de son rôle dans la résolution pacifique du conflit de Bakassi. Cette résolution a été couronnée par la signature des accords de Green Tree en juin 2006 qui définissaient les mécanismes de la rétrocession de la presqu’île de Bakassi au Cameroun, évitant par la même occasion une escalade du conflit armé entre le Nigéria et le Cameroun. On citera également l’appui au développement que l’ONU apporte au Cameroun. À cet effet, les Nations Unies et le Cameroun ont récemment signé le « Plan Cadre des Nations Unies Pour l’Aide au Développement (PNUAD) », un plan stratégique qui donne un aperçu des actions et des priorités pour la période 2018-2020.

Dans la recherche des solutions pour l’accélération de sa croissance, le Cameroun a toujours bénéficié des conseils de la Banque Mondiale (BM). Cette aide se traduit soit par l’assistance technique, soit par l’assistance financière. Récemment, l’État du Cameroun a  été encore accompagné par le Fonds Monétaire International (FMI) dans le domaine de la croissance économique, notamment à travers le Programme Économique Triennal « FEC » (« Facilité Élargie de Crédit »). Ce programme a été signé le 26 juin 2017 et l’évaluation conduit par Corine Deléchat entre les 24 octobre et le 3 novembre de la même année a montré une satisfaction de l’institution. D’autant que, l’évolution des réserves d’échange sont passées de 2,2 % à pratiquement 2,7 % et des couvertures des importations qui passent de 3 à 4,7 %.

Les actions des États partenaires ne sont pas des moindres. La Chine est par exemple le premier partenaire financier de l’État du Cameroun. Son apport en termes d’investissements fait du Cameroun l’un des grands bénéficiaires du financement chinois du continent. Toute chose qui atteste de l’attractivité de ce pays. En effet, l’« Empire du Milieu » a, au cours de la période 2012-2013, financé la réalisation de 11 projets de développement à travers la Banque de Développement de Chine (BDC) et de 15 projets à travers Exim Bank of China (rapport du DAD-Cameroon sur l’Aide au Développement, 2013, pp. 112-113). Plus récemment encore, cette banque d’investissements a respectivement participé en 2015 et 2016 à la pose d’un câble sous-marin à fibre optique reliant le Cameroun et le Brésil à hauteur de 198, 9 milliards de F CFA et à la construction du second terminal à conteneurs du port de Kribi à hauteur de 370 milliards de F CFA. D’ailleurs, le Cameroun a pu bénéficier, à l’issue de la visite d’État du 22 au 24 mars 2018 du président Paul Biya en Chine; d’un don sans contrepartie d’une valeur de 334 milliards F CFA pour l’année 2018 et 84 milliards pour les trois prochaines années (Investir au Cameroun, 2018).

L’Union Européenne (UE), pour sa part, se pose comme le partenaire privilégié du Cameroun. En 2016, cette confédération d’États a, selon l’Organisation pour la Coopération et le Développement Économique (OCDE), financé le développement du Cameroun à hauteur de 285,5 milliards de F CFA. Cette contribution est estimée à 57 % de l’Aide Publique au Développement (APD).

Conclusion

Le Cameroun serait-il déjà un État fragile, sociologiquement programmé pour périr? À partir des variables mobilisées dans la première partie de cette analyse, nous avons essayé de présenter dans ce travail les arguments qui tendent à montrer la partie assertive de cette interrogation de même que ceux qui la nient. Le Cameroun n’a pas systématiquement et définitivement fait son entrée dans  la catégorie d’États fragiles même s’il y a lieu de reconnaître que les phénomènes déstabilisateurs et les multiples crises qui s’agglutinent sur son espace topographique ont amené certains observateurs à l’y classer hâtivement. Il y a donc nécessité de dépasser le clivage États faibles d’un côté et États forts de l’autre pour la simple raison que tous les États, quels qu’ils soient, présentent des degrés de fragilité.

Tout compte fait, la perception du Cameroun sous le prisme de la théorie de l’État fragile reste donc une posture éminemment nuancée. S’il est vrai que les thèses pour l’aligner dans la liste des pays fragiles contiennent des élans de pertinence, cette République a opposé une véritable résilience face à toutes aux menaces et crises. Qu’à cela ne tienne, elle se trouve dans l’obligation de prendre certaines mesures politiques, économiques et sociales pour assurer la sécurité et la dignité de ses populations (Minkonda, 2018b, p.175). Car, sa situation d’État de fragilité pourrait malheureusement perdurer et conduire à une situation chaotique  (Minkonda, ibid., p. 113). Dans la mesure où l’objet de ce travail n’était pas de lui proposer des solutions clés en main pour s’extirper de cette trajectoire, nous pouvons néanmoins avancer que la sortie de cet état de fragilité est une condition préalable pour son émergence.

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  1. Nous pensons ici entre autres aux classements « Doing Business 2014 à 2016 » dans lesquels le Cameroun a de manière générale gagné plusieurs places dans le sens de l’amélioration de son niveau de développement.
  2. Il est intéressant de noter que ce dernier est député au parlement du Cameroun depuis les années 1970.
  3. On peut citer entre autres : enlèvements, attaques de villages, vols de bétail, attentats-suicides, embuscades contre les forces armées, trafic d’armes entre le Tchad et les territoires sous son contrôle au Nigeria, etc.
  4.   En effet, pour essayer de remédier à ces revendications plus ou moins légitimes, le gouvernement a entrepris plusieurs actions. On peut citer : la création d’une Chambre de Common Law à la Cours Suprême, la création d’une division de Common Law à l’École Nationale d’Administration et de Magistrature pour la formation des magistrats anglophones, la traduction du Code CIMA et du Code OHADA, le recrutement de mille enseignants bilingues dans la Fonction Publique et une subvention de deux milliards de Francs CFA pour soutenir les collèges et autres instituts privés dans la zone anglophone notamment.
  5. Celle-ci est une initiative des institutions de Bretton Woods (Fonds Monétaire International et Banque Mondiale) lancée dans l’optique de porter assistance au pays les plus pauvres du monde en vue de garantir la soutenabilité de leur dette extérieure.
  6. Loi N°2007/006 du 26 décembre 2007 portant régime financier de l’État. Ce dispositif vient inclure le budget-programme et la gestion axée sur les résultats dans l’optique d’améliorer la qualité des dépenses publiques.
  7. Élaboré en 2009 et implémenté depuis 2011, la « vision 2015 » est le document qui formule la vision du développement à long terme de l’État du Cameroun, notamment à l’horizon 2035.
  8. C’est le document-répertoire des orientations stratégiques nationales pour la vision à long terme, celle de faire de l’État du Cameroun un pays émergent et uni dans sa diversité. Autrement dit, c’est le cadre de référence de l’action gouvernementale pour la période allant de 2010 à 2020. Elaboré en août 2009, il est une version revue et corrigée du premier Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) rédigée en 2003. Entre autres objectifs, il s’agit d’accélérer la croissance économique, la création d’emplois et la réduction de la pauvreté pour le bien-être des populations.
  9. Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. Consulté à l’adresse : https://www.s-ge.com/sites/default/files/cserver/publication/free/rapport-economique-kamerun-eda-05-2017.pdf
  10. Décret N°2014/308 du 14 août 2014 portant modification du décret n°2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial; décret n°2014/309 du 14 août 2014 portant modification du décret n°2001/181 du 25 juillet 2001 portant organisation de la gendarmerie nationale.
  11. Le déploiement des forces armée et de sécurité,; le décret n°2018/148 du 21 février 2018 portant modification du décret N°2014/308 du 14 août 2014 modifiant le décret n° 2001/180 du 25 juillet 2001 portant réorganisation du commandement militaire territorial; le décret n° 2018/149 du 21 février 2018, portant modification des dispositions du décret n° 2001/183 du 25 juillet 2001 portant réorganisation des formations de combat de l’armée de terre  etc.
  12. Elle s’est tenue dans la capitale politique, Yaoundé le 23 décembre 2016.
  13. En 2014, la France présente la région de l’Extrême-Nord, la zone de Bakassi, les frontières des régions de l’Est et du Sud-ouest comme des « zones rouges », c’est-à-dire un environnement formellement déconseillé de fréquentation. Les régions du Nord et de l’Adamaoua ont été placées en « zone orange », c’est-à-dire, espace déconseillé. Voir, le journal La Nouvelle Expression du vendredi 18 juillet 2014 pour plus de détails. Bien plus, on peut lire sur la page « France Diplomatie » (https://www.diplomatie.gouv.fr) : « Il est recommandé d’observer la plus grande vigilance sur l’ensemble du territoire du pays [Cameroun], y compris dans les deux grandes villes Douala et Yaoundé ».
  14. Communiqué Final du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Commission du Golfe de Guinée (CGG) sur la Sûreté et la Sécurité Maritimes dans le golfe de Guinée, Yaoundé, le 25 juin 2013.
  15. L’assemblée s’est tenue du 22 au 25 août 2017.
  16. Elle renvoie au déploiement d’un nombre minimal d’hommes qui agiront soit au plan stratégique, soit au plan militaire.

Pour citer cet article

Minkonda, Hermann et Mahini, Bertrand-Michel. 2019. Analyse sociopolitique de la fragilité de l’État du Cameroun. ADILAAKU. Droit, politique et société en Afrique, 1(1), 39-64. DOI : 10.46711/adilaaku.2019.1.1.3

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La revue Adilaaku. Droit, politique et société en Afrique est sous licence Creative Commons CC BY-SA 4.0, disponible en ligne, en format PDF et, dans certains contextes, en version imprimée.

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https://dx.doi.org/10.46711/adilaaku.2019.1.1.3

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